La fille du vent

Odilon Redon Vers 1912
Adonis et anémone : des fleurs nous racontent des histoires de vent…

La vie est surprenante : je lis quelques chose sur le poète Adonis dans une revue. Je ne le connais que de nom. Il faut dire… un nom pareil ! Il dit : “La poésie offre une nouvelle image et de nouveaux rapports entre les mots et les choses, les choses et l’humain. Elle œuvre à créer et recréer le monde.” Je pèse chaque mot et suis comblée : revenir aux fondamentaux surtout par la poésie ;  et puis comme je suis, en cette saison, toute à l’écoute du végétal et qu’il y a longtemps que je n’ai pas parlé d’arbres et de fleurs, je décide d’écrire une petite ode à une fleur qui m’émeut. Or j’apprends que cette fleur était confondue dans la mythologie grecque avec une autre, très proche botaniquement : les larmes qu’Aphrodite versa sur le corps du bel Adonis firent éclore l’ANÉMONE mais l’ADONIS VERNALIS existe aussi. Ci dessous :

fleur de printemps

Voilà mon Adonis et mes anémones réunis, pour le meilleur bien sûr. Les anémones sont les filles du vent ἄνεμος, ánemos = vent et ce dans de nombreuses  langues : windflowerwindblume etc. parce qu’elles sont délicates et essaiment très loin. Fleur fragile et voyageuse qui dit autant l’amour dispersé que la persévérance et la renaissance : quoiqu’il arrive, l’anémone repousse chaque printemps.

Mon beau livre sur la nature inspirant les peintres *(merci merci ma Ria) attire mon attention sur ceci : qu’observe-t-on sur la robe de l’amante du baiser de KLIMT ?

G. KLIMT
G. KLIMT Le Baiser, 1908

Mais oui, vous voyez bien ! Des anémones sur la robe de l’enlacée ! Les jolis bouquets qui parsèment le tissu me disent que ce temps volé au temps, ce bout d’éternité suspendue sont aussi assujettis au vent. Éternelle étreinte : mon œil, les anémones vont s’envoler soufflées par le temps ! Comme l’étaient tous les amoureux d’Alma Malher, y compris le pauvre Zemlinsky ! Dans l’histoire, ce sont les hommes qui sont des anémones, fils du vent, quittant la robe avec leur couleurs vives, allant apporter la reverdie plus loin, juste le temps d’un printemps.

* Quand la nature inspire les peintres : histoire des plantes dans la peinture occidentale de l’Antiquité à nos jours – Hélène MUGNIER – Plume de Carotte, 2012

P.S. : C’est un petit Odilon Redon qui ouvre la page de ce billet : Anémones dans un vase bleu, vers 1912

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