Il y a plusieurs mois, j’ai commencé un texte. Je vous en propose ici l’introduction. Le reste suivra au gré du temps, des promenades, des cailloux.
Chaque chemin offre son caillou : c’est un caillou-pensée. Il dit la lumière et la compagnie du fantôme de ce jour, la solitude convoitée. Il dit l’heure et la saison. Un caillou panse.
Quand débute la marche, choisir un caillou qui va l’accompagner. Il précisera une intention voilée, une bifurcation de l’esprit. Il deviendra pensée : c’est la pensée-caillou.
Elle oblige à s’arrondir avec la bogue hérisson du châtaignier.
Elle force à couper net dans la pelote emmêlée et encombrante de la tête, le flux entêtant, l’incessant ronronnement : la pensée-caillou aide à voir le nuage faisant la roue. Elle entraîne dans le fourmillement doré d’insectes dans un rayon.
Elle fait lever la tête jusqu’au ciel pour atteindre la cime des pins bien-veillants ; elle renverse la tête pour la vider ; elle fait ressentir cette douceur très profondément, jusqu’à la reconnaissance, tête redressée, désencombrée.
Les pensées-cailloux vous éloignent de votre maison. Elles vous extraient de votre enveloppe. Le temps d’une promenade, d’un abandon. C’est une amarre qu’on lâche, une ancre qu’on lève, caillou en poche.
Ramenez la pensée-caillou, donnez lui un nom, celui de cet instant présent, instant cadeau.
Plus tard, vous jetterez le caillou dans l’automne. Resteront les pensées. Et encore…