La persécution des livres

Le supplice des livres : bibliothèque mal rangée, ceux à lire, ceux à donner, ceux à prêter… Les livres peuvent vous sadiser !

Tout est fou et nous restons calmes.
Nième tentative de rangement de bibliothèque du salon : le but premier était de déplacer une plante qui dépérit là-haut, de la remplacer par une bien portante qui se trouve dans la bibliothèque du bureau.
Ça ne s’est pas du tout passé ainsi ! J’ai bâclé la mission  » plante verte  » parce que j’ai eu un vertige !
Non causé par ma position sur l’escabeau mais par la folie de ces présences. LIVRES ! Vous me harcelez.
Et recommencer, encore et toujours les piles, procédé voué à l’échec, on le sait. Mais on n’a pas trouvé mieux.

Cette fois, c’est pire ! La pile  » à donner  » est miteuse. La pile  » non lus  » est impressionnante. La pile  » pas à sa place  » est insolente.
J’ai honte de ne pas avoir lu les livres offerts. Une honte perforante : ingratitude. Pardon mes ami(e)s ! Si vous saviez ce que j’aimerais ne pas dormir ou que les jours et les nuits fassent au minimum 32 heures !
Tout en bas, la catégorie qui me trouble le plus : les vieux bouquins, beaux, parfois lourds, aux reliures ouvragées. Les antiques. Ils viennent de partout et de temps éloignés.
Ce Lorenzaccio, par exemple, date de 1942. L’objet est à peine plus grand que sur la photo, 11  x 8,5, la police doit être au maximum du 2,5, les chiffres de pagination – en chiffres romains pour l’introduction et arabes pour le texte – sont au moins en police 5 et en gras. Sur la deuxième de couverture, un petit mot collé, incomplet car déchiré, l’écriture de ma mère : on déchiffre une histoire de livre non volé mais…
Il m’est d’autant plus cher que j’ai avec Lorenzaccio une histoire spéciale. Je l’ai beaucoup lu car lorsque j’étais étudiante en Lettres, je voulais faire ma maîtrise sur une étude comparée entre la pièce de Musset et le Caligula de Camus. La vie a fait que le projet n’a pas abouti.

Et puis, guère plus grand mais tout neuf, offert avec d’autres par ma petite Mère Noël. J’aime l’écho des formats et des couleurs. On parcourt le temps et l’espace et dans l’introduction très bien faite, il est question de mot-saison et mot-césure.

Un pétale tombé
Remonte à sa branche :
 Ah ! C’est un papillon !

                                                                                   Arakida MORITAKE (1473 – 1549)

 

Certains livres ont des parcours étranges : ce Au fond de la poche droite de Yannis MAKRIDAKIS, par exemple, offert par une amie, catégorie  » livre de la honte  » que je pense ne pas avoir lu. Je l’ouvre et suis sûre de l’avoir commencé. Je saute à la page 54 et reconnais. Je vais plus loin, je reconnais encore. Je lis la dernière page : je l’ai lu ! Maudite mémoire ! C’est un très beau livre dont l’anti-héros est Vikentios, un moine solitaire dans un monastère, quelque part en Grèce, la Turquie en face. Et la naissance de chiots dont un survivra… 

Et celui-ci qui m’appelle, que je devine fascinant !

Cette femme, Claudie HUNZINGER qui, en plus d’écrire – et les sitelles et pinsons peuplent ses ouvrages – fabrique des livres en foin. Oui, la dame est aussi plasticienne.

Voyez, où donner de la tête ?
Et relire, relire des ouvrages de jeunesse parce qu’on a l’impression d’être passé à côté. Mais par où commencer quand sur la liseuse douze titres attendent dont les Vinciane DESPRET, les Pierre BERGOUGNIOUX, les Jim HARRISON ?

 

Alors, résolution pour 2022 : pour un livre lu, au moins trois pages écrites. Ça t’apprendra !

Et vous comment faites-vous ?

Allez, un salut à Proust et cette musique peut-être entendue à Vinteuil , le 1er mouvement de cette sonate de Franck.

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