Pour beaucoup d’entre nous, même avec nos outils qui savent tout faire, il est encore indispensable d’avoir à portée de main stylo et papier.
Nous parlions de la papeterie avec une amie : les magasins qui en vendent sont pour nous un supplice. TOUT acheter, avoir envie de tout : les petits carnets, les jolis cahiers, les stylos – ah les feutres japonais (😉 à l’ami de là-bas qui connaît mon obsession), les crayons – très gras pour moi – les stylos. Tiens, stylo… on sait l’origine du mot : le stylet (stylus) était un poinçon à écrire. En fait, le vrai mot est STYLE mais c’est une autre histoire.
Remontons dans le temps.
Peut-être me serais-je mieux débrouillée avec le calame, roseau pour écrire sur les tablettes d’argile, qu’avec mon porte-plume ? N’est-elle pas merveilleuse, cette première écriture, née en Mésopotamie il y a plus de cinq mille ans ?
Tandis que les égyptiens utilisent le papyrus ou plutôt ses feuilles pour y inscrire, à l’encre noire ou rouge pour les passages importants, leurs hiéroglyphes et dessins. Cette technique aussi est très ancienne. En outre, le papyrus est une bien jolie plante.
Pour le végétal, les feuilles de palmier ont été utilisées jusque très récemment au sud de l’Inde et au Sri Lanka. Réunies entre des tablettes de bois grâce à des cordelettes passées dans des trous, ces » ôles » étaient la forme traditionnelle des textes sacrés bouddhiques.
Sans parler de la superbe écorce de bouleau : en Russie, elle servait surtout pour les lettres d’amour puisque le bouleau est associé au renouveau et aux jeunes filles.
Du végétal au tissu, il n’y a qu’un pas. Le papier est en effet issu de » chiffes « , chiffons de lin et de chanvre. Et l’on dessine et l’on écrit sur des tissus aussi, le lin et la soie par exemple. Je pense à la réflexion de ma fille, lorsqu’elle était enfant et que notre amie Yo parlait de peinture sur soie. L’enfant entendait » sur SOI » et cela la questionnait beaucoup ! Vous avez dit tatouages ?
Pour revenir aux écritures du sacré, connaissez-vous l’écriture ossécaille ? Comme son nom l’indique, les chinois du XVè avant notre ère inscrivait des prières ou des divinations sur des os de bovidés ou des écailles de tortues comme sur la photo à gauche trouvée sur Wikimedia Commons – Creative Commons Attribution ©BabelStone.
Bien sûr, je ne peux déchiffrer mais il s’agit sûrement d’histoires de porte-bonheur.
Et enfin, la PIERRE ! Comment ne pas penser à ces blocs de pierre, couverts de caractères grecs si précis en leur graphie ? Une fois de plus je remercie Feggari : elle me prête ses photos de Grèce antique. Elle m’en a proposé beaucoup et j’ai eu un mal fou à choisir, elle étaient toutes belles ! Pour la photo de Une, c’est l’OMEGA parfait de Delos et dessous, ces quelques lettres sur le marbre de Pyrgos.
Je m’autorise deux hors-sujets : dans le premier, Roland Barthes parlent des arbres mais il s’agit » d’arbres-lettres « . Petit rappel, à propos de STYLE, des si belles pages de Barthes à ce sujet dans Le degré zéro de l’écriture (1953).
» Les arbres sont des alphabets, disaient les Grecs. Parmi tous les arbres-lettres, le palmier est le plus beau. De l’écriture, profuse et distincte comme le jet de ses palmes, il possède l’effet majeur : la retombée. » Vers l’écriture in Roland Barthes par Roland Barthes (1995)
Dans le second, je vous propose une vidéo de Fabienne Verdier en pleine création ; mais je pense tant à la calligraphie quand je la vois que même s’il s’agit de peinture, on reste du côté de l’écriture avec un outil très particulier. Ce serait peindrécrire.