Le vent souffle, encore et encore. L’autre jour, j’ai tremblé pour le nid de pies.
Le vent souffle, encore et encore.
Il emporte notre énergie mêlée aux pollens. Espoir menu que quelque part, quelque chose soit fécondé : on ne le saura pas.
Il pleut trop peu.
Le vent souffle encore et encore. Un vent mauvais parfois, enfin méfions nous de cette expression. Si Verlaine en a fait un beau texte, d’autres s’en emparèrent, de sinistre mémoire : 1941 Pétain et plus récemment, au pluriel, les ” vents mauvais ” d’Anne Hidalgo et Emmanuel Macron. Médiocre proximité langagière.
Romantique à ses débuts et rebattue maintenant, l’expression ” vent mauvais ” sent très mauvais !
Il faudrait que je sorte, que j’aille voir les petites fleurs du printemps : mais la tondeuse décapite à tout-va !
Il faudrait que j’aille marcher mais le vent m’agace : il faut lutter et je n’ai pas la force.
De la douceur, bon sang, de la douceur !
Le vent souffle encore et encore. Il assoiffe tout. Il s’estourbit lui-même et ne sait plus d’où il vient. Il tourne, de Nordet devient Noroît, de Suroît passe à Ponant, devient fou, se détraque, me détraque. En plus, Le vent qui souffle sur les Rameaux, ne changera pas de sitôt dit le dicton.
Le 10 avril, hier, c’était la fête des Rameaux. Et on votait aussi. Je ne développe pas, j’en parle avec les amis mais il est des lieux – virtuels ou réels – où l’on à pas à dire. On fait selon ce que l’on croit, ce que l’on pense et – la politique étant soumise aux affects – ce que l’on ressent. Ce que je peux dire, c’est que je suis triste, c’est tout.
Le vent souffle et souffle encore. Ce n’est pas le ” l’bon vent, l’joli vent ” de la chanson. Et ce n’est pas Verlaine non plus car nous ne sommes pas en automne, pas de sanglots longs des violons. Alors plonger dans la tristesse de vies disparues, d’espoirs perdus.
Autant en emporte le vent.
Mince, Claire, le vent dans la tête, ça faisait longtemps !
Le vent nocturne Guillaume Apollinaire
Oh ! les cimes des pins grincent en se heurtant
Et l’on entend aussi se lamenter l’autan
Et du fleuve prochain à grand’voix triomphales
Les elfes rire au vent ou corner aux rafales
Attys Attys Attys charmant et débraillé
C’est ton nom qu’en la nuit les elfes ont raillé
Parce qu’un de tes pins s’abat au vent gothique
La forêt fuit au loin comme une armée antique
Dont les lances ô pins s’agitent au tournant
Les villages éteints méditent maintenant
Comme les vierges les vieillards et les poètes
Et ne s’éveilleront au pas de nul venant
Ni quand sur leurs pigeons fondront les gypaètes
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
C’est vrai que ce vent est pénible ! Ce n’est pas le Mistral ou la Tramontane, mais oui c’est pénible, pauvres oiseaux.
Les élections… c’est pénible aussi.
J’aime beaucoup la mélodie et les instruments de la chanson.
Bon, une petite brise de temps à autre, on ne dit pas non. Mais là, franchement, ces rafales sont d’une agressivité sans nom !
Limite nausée de la vie politique française… Et tiens, mondiale aussi : voyons grand !
Oui, j’aime aussi le petit air qui court le long du texte, ces notes égrenées et le rythme qui balance doucement. Attachement particulier à cette chanson : dès les premières notes, je suis en mode mélancolie.
Bonjour Claire, je t’ai retrouvée sur mon moteur de recherche . . .
Le vent incessant depuis des semaines m’évoque le roman étrange et passionnant d’Alain Damasio :”La horde du contrevent”,que j’ai dévoré pendant le 1er confinement.Je me suis promis de tout lire de cet auteur , mais je n’arrive pas à satisfaire toutes mes passions littéraires. Comme toi, je me sens souvent persécutée par les livres !
Les petites fleurs du printemps sont souvent décapitées ( cette manie de racler les pelouses et les talus !) je me suis insurgée un jour auprès d’une municipalité, qui avait détruit non seulement les fleurs, mais aussi les fraises des bois et les myrtilles : on m’a ri au nez !
Que de raisons de tristesse en ce début d’avril !Et comment résister à certaines rafales?.
Il y a longtemps que je veux lire du Damasio… Mais comme toi, tant de livres m’attendent : les yeux plus gros que ma tête (et mon temps) !
Quand les ” responsables ” comprendront que non seulement c’est absurde de couper tout au printemps mais nocif, ce sera trop tard. En quoi les pâquerettes, les petits géraniums sauvages et les boutons d’or les dérangent ? Je reste ébahie. Comme devant tant d’autres choses… Mais les fraises et les myrtilles !!!
Michèle, la tristesse est majorée par le fait que tout ce qui se passe fait de moi une affreuse misanthrope ! Je n’aurais jamais pensé vivre de telles choses !
De bonnes pensées vers toi. L’amitié, elle, demeure.
Superbe livre que j’ai lu en 2016. J’avais noté “très original, étrange, voire poétique”. Concernant Alain Damasio, regardant sur internet, j’ai appris un nouveau mot : typoète. Merci de votre commentaire qui m’a permis de m’en souvenir.
C’est vrai que l’évocation du vent n’est pas toujours signe de gaîté ! ! Il était mon adversaire il y a quelques décennies en navigation aérienne il l’était aussi et encore maintenant pour les pilotes à l’atterrissage.
On le trouve également dans des expression fortes « sentir le vent du boulet ! ! » aussi avec … « qui sème le vent récolte la tempête », également « le vent debout des marins », enfin « le lugubre kamikazé » de la guerre du pacifique.
Quelques fois il change de sens pour le meilleur il est ….le vent en poupe, il est aussi chanté avec le canon « Vent frais vent du matin ² » que j’aime bien et aussi la chanson « c’est la faute du vent si le jupon …» ! ! !
Bref le sujet est inépuisable. J’aime également bien « le vent nous portera » c’est prenant.
Pour les élections et les évènements ce ne sont pas les meilleurs vents ! !.
Ah mon Chouchou ! Ces vents de travers, de face et vent arrière, ils nous en font baver ! Chantions-nous ” Vent frais, vent du matin “, loin, là-bas au pays du bonheur ?
Ma chère maman parlait de son mistral avec poésie. Et nous avons connu le chergui, t’en souviens-tu ?
Hier, premier vrai jour de printemps : le vent se calme. Celui de la météo, du moins. Pour les autres, nous sommes inquiets.
Mais tant que nous sommes vivants… Je t’embrasse avec toute mon affection.