Ces promenades où nous avons rencontré tant de monde ! Des lieux entièrement habités.
Simplement se décentrer de soi et, comme les bêtes, se concentrer sur les cinq sens.
Les yeux d’abord…
Oui, la forêt nous regarde… enfin, elle nous voit. Je me souviens vaguement d’une phrase qui disait : le jour, les hommes regardent les arbres ; la nuit, les arbres regardent les hommes.
On aperçoit, on discerne, on entrevoit… Il faut prendre son temps. Le temps des arbres.
Autant certains oiseaux sont furtifs – les mésanges du balcon – autant d’autres sont simplement là, occupés à leurs affaires.
Ils le font tranquillement. Tandis que sous le pont… passe l’eau pas lasse.
Et puis, on touche aussi. Certains troncs appellent la main. Timidement, respectueusement, on pose les doigts. C’est fou, les différences entre les écorces !
Les lisses comme des peaux, les veinées, les ravinées, les pétrifiées… (Photo Clarisse Méneret-Massart)
Et les feuilles aussi, c’est fou les feuilles ! Celles du tremble, celles de l’érable, celle de l’orme (nous connaissons un monsieur qui fait du marcottage aérien d’orme : BEAU !), celles du mimosa et celle du tremble bien nommé.
Quelle variété infinie !
Alors, on regarde, on touche, on hume aussi. Le chien nous montre. La terre n’a pas la même odeur partout ni au même moment. Selon ses habitants, selon le vent, selon la proximité d’un chèvrefeuille ou de l’eau…
Et puis, on écoute. Cette année, les oiseaux nous gâtent. Ils ont aimé le silence et le calme imposés aux hommes. Ils sont volubiles. Même la timide petite poule d’eau pousse ses krrrou krrrou…
Le vent, en passant, passe du majeur au mineur, selon l’humeur. Il nous avertit toujours de l’averse imminente. Tant à entendre, tendez l’oreille.Tant de présences requises !
Je viens de terminer un livre étonnant : L’Arbre monde de Richard Powers (traduction Serge Chauvin), dense comme une forêt. Je m’y suis perdue, je crois. Lisez le, c’est extraordinaire. (merci, l’amie pourvoyeuse)
Beau texte, reposant, comme une balade en forêt, et belles photos. Merci.
Cherche dans tes souvenirs d’enfance : Blanquefort, la maison du vieux parrain, la pente qui descend descend… et en bas, le parc de Majollan. Splendide.
Merci à toi, frérot.
Quelle grâce cette flânerie, sens bien aiguisés selon votre conseil. Pour une prolongation olfactive paresseuse, il suffit de respirer la fourrure des chats au retour de leurs vagabondages. Offrande des senteurs agrestes, des bouquets sylvestres, des effluves de la terre. Livraison à domicile de toutes les fragrances enivrantes de la nature.
La promenade schumanienne tristement liée à Catherine Collard, m’a semblé rafraîchissante avec le tout neuf David Kadouch, chouchou de Barenboim. Merci, Claire, pour l’agrément de ces deux échappées.
Envoyé de mon iPad
J’aime l’idée que les chats soient porteurs à leur retour de balades de tous ces parfums : ils les apprécient ; ils savent en imprégner leur boubou puis les acheminer vers la demeure de leurs humains. Enfin, leur demeure où sont tolérés leurs humains ! Cadeau.
Oui, j’aime beaucoup Kadouch (et pense toujours à Catherine Collard avec une douleur au coeur).
Merci de votre passage, Mina.
Heureuse que Catherine Collard s’invite dans les allées secrètes de votre billet.
Comment oublier cette petite dame robuste à l’allure de hussard prussien se dirigeant, rapide et concentrée, sur son piano, pour nous offrir une musique aussi intense que retenue. Personnalité multiple, abrupte et généreuse, insoumise à toute mode, tant pour les compositeurs élus que pour sa tenue vestimentaire franche et nette comme sa musique. La jupe confort et les mocassins solides de Catherine….
Tu as eu le courage de te plonger dedans ; j’avoue avoir tendu la main vers le volume et avoir reposé le pavé malgré l’envie… Sinon, je t’envoie un peu de l’odeur âcre de la résine chaude dans laquelle je me perds pour compléter ta palette odorante.
Merci fort pour la résine chaude : la mémoire olfactive est d’une puissance et d’une subtilité incroyables.
Plonger dans le livre L’arbre-Monde n’était pas du courage, vraiment : c’était accepter d’entreprendre un voyage ahurissant dont je suis revenue (? pas sûr) sonnée et agrandie. Mais c’est une lecture exigeante, il faut tout lâcher. Passer du fourmillement fou des racines au vertige de la canopée.
Profite de tes lieux : tu sais si bien les habiter !