L’INVAINCU, pour moi, c’est le temps. La preuve par le livre.
Regardez ceci :
Lisez en bas : Services américains d’information – 23 NOV. 1951 – Après, on devine plus qu’on ne lit. Et regardez encore ceci :
Alors, ça, c’est tout ce que j’adorais… Pages de garde : fausses gardes ou vraies gardes, ce luxe de pages vierges, RIEN sur la première de couverture (sans doute relié plus tard).
Et sur la page de titre, le nom des traducteurs bien visibles, noms que je ne citerai pas puisque je vais en dire du mal !
Il faut d’abord dire que j’aime Faulkner. Que Lumière d’août fut pour moi un choc énorme.
Alors j’ouvre ce livre, The Unvainquished et je comprends très vite que je ne vais pas y arriver. Je suis perdue : les personnages sont mal identifiés ; il est question d’un il et quelques lignes après un prénom : le prénom de il ? Des phrases touffues, embrouillassées, des mots inusités – vous connaissez carpetbaggers, vous ? Même pas en italiques !
Je me pose alors la question : les traducteurs ont-ils voulu rester au plus près du texte et respecter un parler paysan ? Une “énervante griffure de serfouette” – “Puis nous pûmes le voir comme il faut. C’est mon père que je veux dire.” Si on souhaite garder le parler plouc de la langue de départ, on n’emploie pas le passé simple, non ?
Je ne lis pas assez bien l’anglais – a fortiori l’américain, a fortiori Faulkner – pour aller vérifier le texte d’origine, alors ma critique est peut-être infondée. Toutes ces virgules, ces parenthèses doivent exister dans le texte de Faulkner…
Je vais encore essayer d’entrer dans cette chronique de guerre, dans ces sept textes qui la constituent et dont le dernier s’intitule Verveine. Ou peut-être retourner dans la Lumière d’août pour me consoler.
Alors j’aime cet objet-livre. J’ai sauvé ceci parce qu’il y est question d’oiseaux, je crois…
[…] Au bout de quelques temps, les engoulevents se turent et j’entendis le premier oiseau diurne, un oiseau moqueur. Il avait chanté toute la nuit, lui aussi, mais maintenant c’était son chant de jour, et non plus sa flûterie endormeuse et lunaire. Puis tous se mirent de la partie : les moineaux de l’étable, la grive qui habitait dans le jardin de tante Jenny, et j’entendis aussi une caille dans le pâtis, et maintenant, il y avait de la lumière dans la chambre. Mais je ne bougeai pas. […]
Et ça, c’est pour Ringo, le jeune noir frère de lait de Bayard Sartoris :
Pendant mes études, j’ai lu “Lumière d’août” et “Jazz” de Toni Morrison les deux en version originale parce que j’étais au Japon et j’avais trouve ces romans en anglais. Quelque chose m’avait alors frappe. Quand je lisais ces 2 livres il y avait toujours une musique derrière, un rythme. Un peu comme “Ascenseur pour l’échafaud” et la musique de Miles Davis derrière ou les films de Kusturica. Des personnages toujours en mouvement. Une lecture haletante qui se termine quand on pose le livre ou que le film s’arrête. Faulkner en version originale, c’est touffu, riche en vocabulaire et les phrases sont interminables comme chez Oe Kenzaburo. Claire…j’ai toujours ta casquette! Je pense l’envoyer a Jaja au Japon pour qu’il te la ramène lors de son prochain périple. Pourquoi faire simple quand on peut faire complique! Peut-être cela se rapporte-t-il a ces auteurs aussi!
Moi, j’ai lu Lumière d’août dans un avion qui m’emmenait… au Japon ! (parenthèse : donc bien un lien avec ma casquette qui reviendra peut-être en avion de Tokyo, hihihi) Et j’ai souvenir, en effet d’un style d’une incroyable densité, d’une autre nature d’ailleurs que celle de T. Morrison ou K. Oe ! Plutôt comme un style parlé, des gens qui parlent vite et ne s’écoutent pas ou peu.
Très désemparée devant cette difficulté que je mets – sûrement à tort – sur le compte de la traduction. Je te le passerai et tu me diras. Je ne PEUX vraiment pas lire Faulkner en V. O. ! Bravo à toi !
“[…] “Lumière d’août” et “Jazz” de Toni Morrison les deux en version originale […]”
Eh bien je te tire ma casquette Stef pour cet exercice de haute volée ! (Casquette que je n’ai pas encore reçue mais cela ne saurait…)?.
Je rejoins Mrs Tempes dans cette adversité (épistémè en moins bien sûr) : jusqu’à présent impossible d’apprécier tout ce qui vient après Bill Faulkner sur la couverture, tant le dédale me trimballe…
Regret peut-être, mais pas vraiment : Mme C. a parfaitement résumé l’a priori que j’en ai gardé : “[…] qui parlent vite et ne s’écoutent pas ou peu.”
Toute qualité est forte de sa forme, victime aussi.
Moi, je tire mon chapeau cloche pour cet épistémé ! Si j’ai su un jour le sens de ce mot, je l’avais oublié : que c’est bien de revenir aux dicos ! J’aime que ça vole haut ! J’adore aussi ” le dédale qui trimballe ” !
Ce commentaire, outre qu’il abonde dans mon sens, tire vers le haut. Merci, Jaja (Mais Lumière d’août, Le Bruit et la fureur, Tandis que j’agonise… : chefs-d’oeuvre !)
Merci beaucoup!?♂️
Mais les coulisses, plus vraies que la scène, se doivent de dire tout, je le jure : il n’y a même pas eu un seul jour où j’ai su ce que voulait dire ce bel “épistémè”.
Ah, le bonheur du dico pour les imbéciles de mon genre : un mot (facilement) découvert et le monde a sa définition! Enfin jusqu’au prochain “comment dire” ou “なんだけ(nandake)”, qu’est ce que c’est…?
Nandake… Je me souviens très bien. Des quelques formules japonaises retenues, elle arrive en bonne position. Faut dire que ” Comment dire… ” , ça nous va comme un gant ! À suivre, les mots et leur magie. épistémé, quand tu nous tiens…