Je suis fumeuse, invertébrée aurait dit ma mère qui aimait jouer avec les mots et était fumeuse ou plutôt “crapoteuse”. Je suis fumeuse et je ne m’en vante pas. Parfois, j’en souffre : c’est une passion et pas de saison même si c’est la saison de la Passion ! Je subis cette passion, j’en jouis – assez peu – j’en culpabilise – assez peu aussi-, mais parfois j’en ai marre. Je voudrais me réveiller un matin non-fumeuse. Demain matin par exemple. Ça dure depuis très longtemps. Depuis le temps où les Gauloises étaient de rigueur et que les Troupes étaient gratuites puisque chipées dans le placard du père. D’abord fumées en cachette puis en public, et même dans la rue : ça choquait. C’était drôle. Seuls les snobs fumaient des Ariel.
Le grand fumeur et sa passion… oui oui, je sais, on m’a dit, j’ai lu que c’est un flirt avec la mort, que ça se passe dans la sphère orale, qu’on s’entête à têter, qu’on demande à sa clope le droit de respirer. Oui, oui, j’en ai lu des trucs et des machins. C’est dans la tête, tout ça. Mes parents étaient fumeurs. PRESQUE TOUS mes ami(e)s se sont arrêtés.
Une fois, je me suis arrêtée pour de bon. Pendant un an. Incroyable ce que j’étais libre : plus de recherche désespérée de briquet ou de vieux mégots, un dimanche soir de disette ! Plus d’angoisse de quelques heures SANS ! Plus de fouille archéologique dans les sacs, les poches, la maison, la voiture pour une rescapée du paquet ! C’était le bon temps ! L’addiction a repris ses droits malgré les injonctions des médecins : ” Faut que vous…” – ” Savez ce qui vous reste à faire… ” – ” Je vous prescris des patches ? ” – ” Avez-vous pensé à l’hypnose, l’acupuncture, l’auriculothérapie ? ” Oui, oui, j’y ai pensé, souvent.
C’est promis – serment d’ivrogne : demain, j’arrête. Après-demain.
Pour les ziques, il y avait le Dieu fumeur de Havanes de M. Serge et son amie Catherine Deneuve mais je ne fume pas de havane ; puis il y avait Ta cigarette après l’amour de et par Charles Dumont mais ça sent son cabaret années 60 à plein nez ; Hubert Félix Thiéfaine : 113ème cigarette sans dormir – Eddy Mitchell : Fume cette cigarette – Jacques Higelin : Cigarette – M : Je suis une cigarette– Renaud : Arrêter la clope – Alain Bashung : Je fume pour oublier que tu bois et notre inneffable Sylvie Vartan : L’Amour, c’est comme une cigarette…
Mais non décidément, c’est Sylva que je préfère, Berthe et Marlène : fumant, non ? On vous dit ” Video désactivée (???) Allez la voir sur Youtube ” Bon, d’accord. On va être docile, pour une fois.
C’est de famille alors. Je piquais les gauloises de maman et j’allais les fumer dans les toilettes exterieurs de l’églse à Puisseguin. J’avais un dix ans environ.
Allons bon ! Toi aussi ! Heureusement que les toilettes étaient à l’extérieur de l’église… Sinon, tu aurais fumé dans l’église ! Aïe Aïe Aïe Et maintenant, tu es bien accro, toi aussi, hein ?
Qu’elle est belle, marlène !
Elle me bouleverse : cette grâce asexuée, cette tendre froideur.
Bon, j’interviens en tant que fumeur … invertébré !
Il y a tellement à dire sur le tabac, nous pourrions y passer des heures, des jours.
Mes premières clopes à l’âge de six ans (sur le toit du garage à Marrakech, c’était des Koutoubia), puis mon copain qui revient de colo et qui m’apprend à avaler la fumée, j’avais environ douze
ans.
Oui, nous fumions des “goldo”, des “Parisiennes”, des “Gitanes”, des brunes quoi, et les fumeurs de blondes étaient tous des PD !
Depuis j’ai toujours fumé, j’ai bien sûr essayé d’arrêter des dizaines de fois. Mais je suis si différent sans tabac, je suis triste et je m’ennuie, je suis lent de corps et d’esprit. Mon corps,
mon cerveau, se sont tellement habitué à cette drogue, que fumer est pour moi indispensable, comme respirer.
Sans le tabac, je ne suis pas moi.
À SIX ANS ? TOI ? Mais où on était, nous ? OH là là …
T’es bien accro, frérot, et là dessus aussi, je suis ta sœur. Et quand ça va jusque dans l’identité, dur dur.
Faut limiter la casse un max. On va s’en tenir là, pour l’instant, hein ?
Elle est gironde la Claire dans sa robe rouge !
Vous me flattez, Horus, de telles rondeurs !!! Mais ce n’est pas le chapeau que je n’aurais osé porter, c’est la robe. Et maintenant, c’est trop tard. Mon cendrier portatif est dans mon sac et
mes robes ont des poches pour les briquets.
Dans une autre vie, peut-être…