Se mouvoir le moins possible. Le mouvement est intérieur et cérébral. Et on se tait, enfin on parle moins comme si le mouvement était une parole en acte.
On pense au mime Marceau qu’on aime tant. Pas à l’imparfait : on l’aime encore. On se souvient des statues-vivantes de Londres si tristes… surtout celle de Charlot qui, pour moi, est l’essence même du mouvement : tout bouge chez Charlie Chaplin, du bout des pieds aux sourcils, il marche, il danse, il court avec sa nuée de flics aux trousses. Charlot statufié ? Impensable.
Puis des questions viennent : pourquoi l’immobilité fascine-t-elle ? Vient-elle titiller la mort ? Il y a du vivant sous l’impassible. Et dans le silence. Mais ce monde flotte entre vie et mort. Soudain s’impose la visite de Yves Bonnefoy, les derniers vers de son premier recueil, Du mouvement et de l’immobilité de Douve :
Ainsi avions-nous cru réincarner nos gestes,
Mais la tête niée nous buvons une eau froide,
Et des liasses de mort pavoisent ton sourire,
Ouverture tentée dans l’épaisseur du monde.
Du mouvement et de l’immobilité de Douve, Édition du Mercure de France, 1953
Alors on pense à Marina ABRAMOVIC :
P.S. : Une amie souriante me prête le recueil de Ingeborg Bachmann, Toute personne qui tombe a des ailes. J’en reparlerai quand mes ailes auront poussé.
Qu’est que je cherche à travers l’immobilité ?
Peut-être habiter tranquillement:
le temps (ô temps suspend ton vol! )
les paysages
tout ce qui parfois se recueille
les chuchotements de la nature, de soi aussi dépouillé des autres,
être dans l’ici et maintenant
méditer
habiter l’absence,
habiter son intranquilité et je pense à Pessoa .
Je n’associe pas l’immobilité aux gisants mais
plutôt à la vie. Merci Claire pour cette lecture
Immobile… moi qui suis si MOBILE (comme toutes les donne), qui médite en déambulant, qui suis intranquille de nature et pourtant contemplative. Mais pour toi, Marie-Annick, il semble que ce soit une forme de “dégagement”, de vie intérieure plus intense.