Dans un texte court extrait de J’avoue que j’ai vécu, Pablo Neruda parle de l’Orient, celui qu’il a connu lorque’il fut nommé consul à Colombo, Ceylan et Singapour en 1928, à l’âge de 23 ans. Ce texte intitulé La Solitude lumineuse* est celui d’un conteur né, attentif comme tout poète à cet extérieur-à-soi qui nourrit la voix intérieure.
Un des chapitres est intitulé L’Infortunée famille humaine et c’est une merveille d’analyse du colonialisme, des théosophies orientales et… de la » famille humaine « . Plus loin, on rencontre le mari de Virginia Woolf, une mangouste qui ne savait pas chasser les serpents, Lord Boudha, des femmes belles et folles et des colons anglais au delà de la caricature ! Ceux-là mêmes qui boycottèrent Neruda parce qu’il se déplaçait dans les voiturettes locales et fréquentait les restaurants iraniens. So shocking !
C’est plein de couleurs, d’odeurs, de sons. Les animaux y sont des amis et les êtres humains – notre jeune diplomate inclus – se coltinent leur solitude avec pas mal d’élégance.
Extrait : La solitude, dans ce cas-là, (éloignement du pays et exotisme radical du pays qui accueille) ne se réduisait pas à un thème d’invocation littéraire, elle était une chose dure comme le mur du prisonnier, contre lequel on peut s’ouvrir la tête sans que personne accoure, même si on crie, même si on pleure.
Allez, vous ne regretterez pas votre achat !
Violeta Parra : Yo canto a la diferencia
Petit point d’histoire : Neruda retourne au Chili en novembre 1972 après un exil de 25 ans. Mais le coup d’Etat du général Pinochet, le 11 septembre 1973, renverse Allende. Neruda devient une personnalité réprouvée : on saccage sa maison, on brûle ses livres. Quelques jours après ce renversement politique, le 23 septembre 1973, Neruda décède, officiellement des suites d’un cancer de la prostate. Il a 69 ans. Son ensevelissement donne lieu à de nombreuses manifestations contre le régime dictatorial de Pinochet. Une enquête est actuellement en cours : Neruda aurait été empoisonné.