Cette chanson magique parce que Nadar en photographia l’auteur, Jean-Baptiste Clément.
Il était une fois un caricaturiste… L’homme avait du talent. De son vrai nom Gaspard-Félix Tournachon, il se définit lui-même comme « un vrai casse-cou, un touche-à-tout, mal élevé jusqu’à appeler les choses par leur nom, et les gens aussi. » Et il est vrai qu’en plus de la caricature qui est plutôt un gagne-pain, il se passionne pour les artistes, le journalisme et la politique – il sera même espion ! – et les ballons. Ce sera d’ailleurs un grand aérostier dont le ballon s’appelle Le Géant. Quelle vie que cette vie !
« C’est un homme grand, mais un peu voûté déjà, comme ces cariatides qui portent des balcons sur leurs épaules. Sa tête forte, véritable hure de lion, secouait par instants une chevelure ardente qui lui faisait une véritable crinière. Une face courte, large aux tempes, agrémentée d’une moustache hérissée comme les barbes d’un chat et de petits bouquets un peu égarés, un regard myope, complémentaient cette physionomie éminemment féline. » Jules Verne qui prendra Nadar pour modèle dans plusieurs romans – Extrait de De la terre à la lune
Oui, l’homme est passionné ! Baudelaire écrivit : « Nadar, c’est la plus étonnante expression de vitalité. Adrien Tournachon me disait que son frère Félix avait tous les viscères en double ! » Et quand il entend ses amis Baudelaire, Nerval, T. Gautier et surtout Balzac lui exposer la théorie des spectres, il se marre : car ce que lui disent ses amis c’est que la photographie en captant leur « peau de lumière » vole un morceau de la personne et confisque le spectre invisible de la réalité. C’est une pensée que je trouve archaïque et profonde. Je l’ai entendue en Afrique du Nord. Mais il vaincra et convaincra : tous ou presque se feront voler un bout de leur âme par le fou génial. Même Sarah Bernhardt
Je ne peux mettre toutes les photos : allez jeter un œil aux portraits de Balzac, Baudelaire, Gustave Doré, George Sand et tant d’autres !
Dernière anecdote : les barrières Nadar
En 1900, soit 36 ans après son aventure à Bruxelles, où l’on utilisa des barrières pour tenir la foule à distance ; Nadar (qui avait 80 ans à l’époque) écrivit une lettre au journal Le petit bleu du matin pour confirmer qu’il n’avait rien à voir avec l’appellation « barrière Nadar »: Veuillez comprendre combien cela pèse sur quelqu’un d’être considéré à perpétuité comme le parrain d’une barrière, surtout si cette personne a toujours rejeté l’utilisation de quelle barrière que ce soit. Laissez-moi au moins l’occasion de protester contre ce baptême forcé.