En partant à des obsèques (je ne peux pas dire enterrement, c’était une incinération), je m’étais surprise à prendre mon appareil photo puis ravisée. Non, ça ne se fait pas. Je m’étais alors demandé pourquoi on ne fait pas de photos dans cette circonstance, à part les gens connus qui vont à l’enterrement d’une personne connue. On me dit qu’on en faisait autrefois. Oui mais des photos du mort et de fort belles d’ailleurs. Et le caractère surranné du mot funérailles m’a rattrapée.
(à gauche Victor Hugo)
Je pensais à des portraits, à des moments de recueillement, un enfant qui rit, des gens qui s’enlacent. Bien entendu, pas de voyeurisme ! Pas de gros plan sur les larmes et les visages ravagés. On a les actualités pour la souffrance des autres, des anonymes, pour une émotion qui peut être intense mais impersonnelle et à distance. Mais pérenniser le moment comme on fixe ceux de la joie… Fixer un moment important. On me dit encore que notre rapport à la mort a changé. J’entends bien. On veut se souvenir de la naissance et de la vie mais pas du départ, de la séparation. On veut oublier. Comme si on oubliait… On ne veut pas de preuves. L’absence de l’absenté suffit. C’est ce qu’on veut croire. Alors, une idée aussi sotte que grenue, une macabre bizarrerie, les photos aux obsèques ?
En revenant, frappée par la beauté de la Garonne avec ses fleurs de lumière, j’ai râlé de ne pas avoir pris l’appareil. J’ai également compris que le photographe s’absente lui aussi derrière son appareil et s’abstrait ainsi de l’émotion collective. Bouclier. J’y suis mais je n’y suis pas.
Sinon, la vie ça donne ça parfois :
Mérignac 25 janvier 2012