Willa Cather aimait beaucoup Yehudi Menuhin et dans ma mémoire cette somptueuse sonate d’Enescu que le frère et la sœur Menuhin jouent ensemble.
La vie est bizarre parfois : depuis une quinzaine de jours, j’ai l’idée de faire un billet sur Willa Cather qui est pour moi l’une des grandes dames de la lttérature américaine. J’admire chez elle la force paisible, la douceur et le légèreté, l’art de vous emmener très loin au dessus de vous-même. Pour écrire ce billet, je me documente donc et atterris sur un très joli texte de Matthieu Lindon. Extraits :
En cherchant un livre, je tombe sur un autre – à quel lecteur, quel auteur n’est-ce jamais arrivé ? Pour vérifer un accord, je veux mettre la main sur une grammaire et je trouve un recueil de textes en anglais de Willa Cather acheté il y a des siècles dans une librairie new-yorkaise et que je n’ai jamais ouvert. J’adore les romans et nouvelles de cette Américaine qui me mettent les larmes aux yeux par la douceur et la générosité avec lesquelles ils racontent la sobre brutalité de l’affrontement avec la vie.[…]
Le titre du premier texte est A Chance Meeting, « Une rencontre de fortune » pourrais-je traduire après l’avoir lu. Car la première phrase m’accroche sans avoir pourtant rien d’extraordinaire : Cela s’est passé à Aix-les-bains, un des endroits les plus agréables du monde. […]
J’adore chez Willa Cather la bienveillance et la noblesse spontanées avec lesquelles ses personnages pensent et agissent. Elle est le seul auteur que je connaisse, avec l’Autrichien Adalbert Stifter au XIXsiècle, dont les héros évoluent toujours au plus haut sans que la vraisemblance en soit jamais atteinte. Dans ma lecture de sa rencontre avec celle qui s’appelle alors Caroline Franklin-Grout, [- nièce de Flaubert -] me bouleverse de voir en Willa Cather elle-même les vertus de ses personnages.
Et puis aujourd’hui, j’apprends que Mathieu Lindon vient d’obtenir le Prix Médicis pour son texte Ce qu’aimer veut dire, texte où il évoque Willa Cather et sur lequel j’étais tombée dans mes recherches. Et j’en suis très contente, non pour Mathieu Lindon que je n’ai pas lu – mais dont j’aime déjà ” la digression, les associations, autour d’une idée, d’un mot, d’une sensation ” – mais pour tous les gens qui le liront et rencontreront ainsi Willa Cather qui elle même rencontre la nièce de Flaubert. ” Hasards objectifs “, ” faits-glissades ” dit le site de l’éditeur du texte de Lindon,P.O.L.
Lisez Mon Antonia, lisez Destins obscurs, vous ne le regretterez pas ! Les pieds dans la terre, la tête dans les étoiles.
P.S. : Merci, Maria !
Il y a bien longtemps que je n’avais pas écouté cette sonate d’Enesco. Dans le années 70, j’avais acheté le disque pour le duo Menuhin-Ravi Shankar, par curiosité pour la musique indienne alors à
la mode (rappelez-vous, même les Beattles s’y étaient mis). La surprise, c’est sur la face B du vinyl, cette extraordinaire sonate “dans le caractère populaire roumain”. Surprise, dépaysement. Je
ne m’y attendais pas, j’ai été conquis, je n’ai plus écouté qu’elle. Il ne servirait à rien de vous expliquer pourquoi, ces choses là, ça vous prend ou ça ne vous prend pas.
Bon, c’est vrai, j’ai une fibre particulière pour la musique populaire roumaine. Celle de ces Roms infréquentables rejetés de partout, même dans leur propre pays – mais ont-ils un pays ? Ce qui
me frappe, c’est le contraste entre l’indigence crasse de ces gens et la richesse inouïe de leur musique…
Un jour, elle ne pourra pas y échapper, Claire vous fera écouter le Taraf des Haïdouks et vous entendrez la sonate d’Enesco.
Ça planait un max… et Shankar, quel voyage ! Mais la découverte de cette sonate d’Enesco et les joies qui en découlent, je vous les dois, cher Horus. Et pour ça, merci merci merci. Qui sait si
cela ne nous a pas ouvert les oreilles pour la suite et jusqu’au Taraf, la bande de bandits géniaux qu’ensemble nous vîmes ! Oui, tout se tient, un fil rouge. Là on joue tzigane, non ?
C’est beau !