Toute petite déjà, j’aimais Erik Satie, Alfred Eric Leslie Satie… Sa musique d’abord et puis, bien évidemment, son originalité, son côté extraterrestre. Ses compositions ne ressemblaient à rien d’autre. Pas de filiation pas d’école, tout seul l’étrange Erik, tout seul, décalé. Je me délectais des indications de jeu pour le pianiste (Du bout de la langue, Vivache, Comme un rossignol qui aurait mal aux dents, Pliez soigneusement etc…). Je découvre à ce propos un joli livre d’Erik Satie illustré par Pierre Alechinsky Indication de jeu. Ed° Pierre d’Alun, 2002.
Mais le frère, c’est Jacques Tati : aussi doués l’un que l’autre pour l’humour à froid fin et élégant, et réunis par la « musique d’ameublement », terme créé par Satie pour définir certaines de ses œuvres, signifiant qu’elles pouvaient fort bien « convenir en fond sonore agréable à un intérieur bourgeois convenable et de haute tenue ». On est dans la maison des parents de Gérard, le neveu de Mon Oncle, non ?
Des poètes emmiellés dans les codes sociaux.
Je découvre aussi dans l’irremplaçable émission Les Papous dans la tête, les jeux de mots de Satie qui sont pour moi l’ équivalent des gags visuels chez l’immense Jacques : on est dans le même monde, anormal et burlesque. Petits exemples dans la rubrique Titres fautifs (les clients qui demandent au libraire) Les Fourberies de scalpel, Les Souffrances de la jeune vertèbre, Sale Mambo et autres Splendeurs et misères des cortisones…
Parade et Play Time, même combat ?
Ah, j’oubliais : Jacques Tati avait une maison à Honfleur, je dis ça comme ça… Alphonse Allais aussi. Pourtant, il est mauvais de se noyer après manger.