Il est des pays amicaux. Malgré leurs six mois d’hiver, malgré la neige qui ouate tout, malgré la glace qui pose ses plaques partout, malgré le vent qui parfois vous frotte le visage au papier émeri, ce sont pays joyeux. Malgré ou … à cause ?
On y dit » Bonne fête » à la place de » Joyeux anniversaire » et surtout pas Happy birthday, on fait bien l’inversion à la forme interrogative – as-tu bien dormi ? – les interjections sont jolies – mon doux – on préfère sous à cents et pièce à dollar. Le langage y est fleuri, imagé, désuet.
Je me suis régalée, avec le langage et avec les parcs. Mais d’abord avec l’humain : les québéquois disent eux-mêmes qu’ils sont trop gentils ! Et tant pis si c’est un cliché ! L’accent aussi est un cliché mais dans la pratique, c’est quelque chose !
On ne subit pas l’hiver : on l’honore. Et les derniers flocons de mars sont perçus comme des caprices de gamin qu’on regarde avec indulgence.
Et l’énigme non résolue : pourquoi la neige au pied de l’arbre fond plus vite ? Pourquoi tous les arbres ont à leur pied cet espace non pris par le gel, ce cercle de terre et d’herbe ? Est-ce pour laisser patauger les mouettes ?
Allez, on atterrit, on contemple les camélias et les tulipiers, on sort les fringues d’été des placards et on se dit : j’y retournerai, c’est sûr !
Photos Christian Destandau