Des fois je m’ dis, lorsque j’ charrie
À douète… à gauche et sans savoir
Ma pauv’ bidoche en mal d’espoir,
Et quand j’ vois qu’ j’ai pas l’ droit d’ m’asseoir
Ou d’ roupiller dessus l’ trottoir
Ou l’ macadam de « ma » Patrie,
Je m’ dis : — Tout d’ même, si qu’y r’viendrait !
Qui ça ?… Ben quoi ! Vous savez bien,
Eul’ l’ trimardeur galiléen,
L’ Rouquin au cœur pus grand qu’ la Vie !
Et voici le début du » Revenant » du terrible Jehan qu’aucun de ses deux parents n’avaient cru bon de reconnaître : débuts difficiles, enfance assortie.
Mais quand même… La veine est là, l’inspiration populaire, la matière à portée de regard – l’époque est rude pour certains – et le verbe s’ensuit. Et puis, c’est du véu ! L’anar de cœur (car le monsieur est toujours bien mis et ne parle pas du tout comme il écrit) déclame lui-même ; le grand spectre, « long comme une lame » ainsi que le disait La Goulue, fait son effet au Quatz’Arts ou Chat Noir où la carte annonçait : Littérature de premier ordre, consommations de premier choix
Verlaine par Jehan Rictus
On dit qu’un artiste, ami des deux, avait souhaité que Rictus rencontre Toulouse-Lautrec ; ce dernier, arrivé un peu en avance au rendez-vous aperçut Rictus, se réfugia dans une petite salle, fit appeler l’ami commun et lui dit : » Oh, je ne pourrai pas, je ne pourrai pas… » Et comme l’intermédiaire s’étonnait et questionnait, Lautrec lâcha dans un souffle : » Il est vraiment trop grand ! «
Mallarmé, Apollinaire, Max Jacob et Carco l’aimaient, alors… nous aussi !
Eh ! blanc youpin… eh ! pauv’ raté !
Tout ton Œuvre il a avorté
Toi, ton Étoile et ta Colombe
Déringol’nt dans l’éternité ;
Tu dois en avoir d’ l’amertume.
Même à présent quand la neig’ tombe :
(On croirait tes Ang’s qui s’ déplument !)
Le Revenant
Et puis parce qu’il est tellement dingue, par la grande Marie Dubas encore : Le Tango stupéfiant