Alors ça ! D’où me revient-elle, cette figure ? Comme un spectre, la douce visite d’un fantôme aimé… Une présence intense, un chagrin souriant, une immatérialité… Loin, déjà si loin.
Quand le Carré des Jalles à Saint-Médard s’appelait encore CAC (c’est dire ! )… un homme est venu un jour, seul avec son piano. Première chanson : Le clown. Fin de la chanson. Public (nombreux) tétanisé, pétrifié : pas un applaudissement, pas un souffle, une perfection de silence. Il nous regarde, nous le portons dans notre regard. L’homme se lève enfin, s’approche et dit, manifestement très ému : C’est la première fois que cela m’arrive… Je vous remercie.
Étrange regard profond et triste « de cette tristesse qui cache infiniment d’amour, infiniment d’humour. J’ai fait ma devise de ce proverbe soufi qui était sien : «Quand le cœur pleure sur ce qu’il a perdu, l’esprit rit sur ce qu’il a trouvé», disait-il.
Quelle rencontre ! Une voix si chaude et vibrante, qui dit des choses absurdes ou douces, ou les deux. Toujours là, vieil ami fragile. Déposant l’adolescence dans la poésie, asseyant pour toujours la certitude que tout est vacillant : la flamme d’une bougie, avec ses éclats vifs et ses tremblotements.
Ce soir, je l’écoute à nouveau mais rien n’a changé.
Le pardon est le seul pleur de ma fantaisie
Photo de Une trouvée sur le blog : http://mymusicworldart.over-blog.com/article-les-clowns-87401906.html
Non signée : j’aimerais savoir qui l’a faite !
P.S. : Et voilà que 13 ans après, le fin limier Philippe Pierre trouve enfin le photographe : en fait c’est LA, elle s’appelle Elisabeth CABAUD. Qu’elle soit remerciée.