Cherchais un livre frais : mon œil tombe sur Clef de la poésie par Jean Paulhan
Où l’on exprime le mystère, à défaut de le penser. Ce que dit Paulhan, je le lis comme de la poésie : ce n’en est pas alors je ne comprends rien sauf ça, peut-être :
– Le poète est Pape, dit Victor Hugo
– Au mieux, joueur d’échecs, réplique Banville
– Il est prophète
– Il est orfèvre
– Il chante
– Il calcule
Paulhan explique que pour Apollinaire ou Novalis, la révélation sécrète ses mots et sa forme. Pour Poe ou Valéry, les mots provoquent la révélation. Bon, oui, sans doute, les deux, non ? Ou bien en premier, tantôt révélation, tantôt mots, alternativement.
Il dit encore le partage de la poésie entre lois et mystère, mystère inconcevable mais banal ; obscur mais rayonnant … Voilà, cet obscur et rayonnant me parle.
Et je pense à ces mots, outils de tous, vivier immense dans lequel hommes – écrivants ou non – se penchent et pêchent à pleines mains, combinant les couleurs, conjugant les sens, tricotant les sons… Et je comprends que l’obscur et rayonnant mystère, c’est la musique. Les mots sont à tous, la musique est intime.
BASSIN III
C’est un jour où le Bassin agite ses tissus turbulents ; les apercevoir rafraîchit la nuque. Chute d’un jet de plomb fondu : une mouette en piqué.
Dans le sable ruisselant, trois fines aigrettes affairées promènent leur grâce, insensibles aux embardées des hirondelles.
À quelques empans, tchanquées et pins sont posés sur l’eau.
L’Herbe – Villa mauresque, 3 juillet 2001
photo Clarisse Mèneret
J’ai entendu cette dame l’autre jour… ça m’a plu, j’ai aimé comment elle déguste les mots.