Sur une plage. Arrivent une jeune femme et son enfant, un petiot d’une quinzaine de mois. L’âge où tout est nouveau puisque si ça se trouve il n’a jamais mis les pieds dans le sable… Et je vais assister, effarée, à une heure d’harcèlement de l’enfant par la mère. Pas une minute, elle ne va le laisser tranquille : et que j’t’enlève ta couche (!) et que j’te montre comment on joue avec le sable et que j’t’empêche de trottiner à plus d’un mètre cinquante de moi, et que j’te remets une couche (génial dans le sable, une couche) que j’enlèverai dans 10 minutes. C’est sans fin et sans un sourire. J’ai envie de crier : Laisse le, ton petit ! Ce n’est plus de la sollicitude. C’est de l’acharnement. Quelque chose cloche vraiment dans le comportement de cette femme. Je ne suis pas dans le jugement : je vois. Elle s’occupe de lui. Elle ne le regarde pas, elle fait.
Et je repense à un texte magnifique de W. R. Bion sur la rêverie maternelle, concept très proche de celui de préoccupation primaire maternelle de D. W. Winnicott : les deux grands de la psychanalyse disent que c’est la mère qui, par sa capacité de rêverie, dans un état de réception quasi physique des ressentis et besoins de l’enfant, c’est cette mère qui va permettre à l’enfant de symboliser et de développer son imagination et sa capacité de penser. C’est mal dit (par moi) mais en gros, c’est ça.
ci-dessus, J Sorolla Mère et enfant
Je me demande quelle mère j’ai eu et c’est une encore plus mauvaise question, je me demande quelle mère j’ai été…
P.S. : pardon, mille fois pardon aux amateurs (le mot est faible) de Bobby Lapointe pour la chanson des poissons que nous savons tous par cœur, mais j’ai trouvé cette interprétation illésistible. J’ai failli aussi vous proposer Fais pas ci, fais pas ça de Jacques Dutronc mais la japonaise a gagné !