Cette version en public de l’Intermezzo de Brahms par Ivo Pogorelich laisse à désirer sur le plan technique mais la densité et l’émotion sont maxima. Je ne l’ai trouvée qu’en video mais l’image est fixe.
Bienfaisante pluie, fée mouillée… Toute la nuit, je l’ai écouté tomber, je me sentais rassurée, la vieille amie était de retour. Je vous assure : réjouissez-vous, dites vous que les oiseaux et les végétaux ont soif et prenez vos parapluies.
Claude Hagège que j’admire depuis L’Homme de paroles (1986), vient de publier chez Odile Jacob Contre la pensée unique. On peut parfois se sentir largué par tant d’érudition – linguistique bien sûr mais aussi historique – mais le bonhomme parle clair et franc. Celui que j’aimais beaucoup lorsqu’il disait que l’anglais est une langue difficile, s’attaque aujourd’hui à la pensée unique générée par l’anglais et sa propagation. Combat d’arrière-garde, direz-vous ? Il argumente qu’avec cette langue, c’est toute une conception du monde qui règne, c’est l’idéologie néo-libérale qui passe en force. Et là… C’est assez imparable. Pourquoi lorsque les enfants commencent une langue à l’école primaire, est-ce systématiquement l’anglais ? Pourquoi pas l’espagnol ou l’allemand ou… le chinois ? Mais, c’est élémentaire, mon cher Watson : parce que l’anglais est la langue du management !
À suivre.
J’aime aussi beaucoup Michel Serres, vieux gascon magnifique et bienveillant. L’autre soir, il était présent sur le plateau de 28′, émission souvent intéressante d’Elisabeth Quin et il y a dit des choses passionnantes sur la génération dite Y que lui appelle Petite Poucette (c’est vrai qu’ils sont incroyables habiles de leurs pouces pour envoyer les textos).
Il dit notamment que cette jeune génération correspond à l’invention de l’individu, pas forcément de l’individualisme. Que cet individu a mis bien longtemps à émerger, pris qu’il était dans les clans, les familles, les partis… Il ou elle n’a plus le même corps, la même espérance de vie, n’habite plus le même espace, ne communique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde extérieur, ne vit plus dans la même nature ; né sous péridurale et de naissance programmée, ne redoute plus la même mort, sous soins palliatifs. N’ayant plus la même tête que celle de ses parents, il ou elle connaît autrement.
N’oublions surtout pas que ce sont eux les premiers indignés !
Toute petites bibliographies, les indispensables :
Claude Hagège (pour l’anecdote le patronyme pourrait avoir pour origine en plus de Hadj – le pélerin – Hajjah, celui qui argumente) :
Le Souffle de la langue – Odile Jacob, 1992
L’Enfant aux deux langues – Odile Jacob, 1996
Dictionnaire amoureux des langues – Plon-Odile Jacob, 2009
Michel Serres (pour l’anecdote, son nom est un palindrome) :
Les Cinq sens – Grasset, 1985
Le Contrat naturel – Françoise Bourin, 1989
Le Tiers instruit – Françoise Bourin, 1991