Après le cauchemar de l’aéroport, c’est si bon de voir les premiers ferries, d’entendre leur sirène, ce mot qui déjà évoque la mer et ses envoûtements.
Car Sans écouter les chants des Sirènes, les appels des peuples, les voix des Vents qui lui promettent les trésors et les empires de la terre, Icare continue de monter vers Hélios – Marguerite YOURCENAR, Le Jardin des chimères – Perrin, 1921
Voyager sur l’eau, c’est VOYAGER car si le corps se déplace, on reste extrêmement présent à soi-même mais d’une manière accrue, sens aiguisés, aventure intérieure.
Ici, le père emmène l’enfant à la proue du ferry, au plus près de la rencontre du ciel et de la mer, là où se produit l’effraction de l’eau.
Et, bien que le bateau semble se diriger vers de sombres nuages, il fait doux et tout est si paisible.
Sur une île, on trouve bien sûr toutes sortes de bateaux y compris les immenses (et souvent immondes) yachts amarrés dans le port. Heureusement ici, pas de bateau de croisière à 25 étages : ils passent parfois au large et on les moque allègrement !
Ces temps-ci, un patrouilleur ou une corvette – ma connaissance en bateaux de guerre est limitée – stationne non loin de l’île. Il n’est pas beau du tout. Je pense à un texte de Henri MICHAUX où il évoque un navire de guerre vu en rade de Toulon depuis une hauteur et mentalement lui tire dessus. Sacré Michaux !
Un jour, celui-ci, un trois-mâts très grand, si grand qu’il n’entrait pas dans le cadre. Alors, juste la proue avec ses focs sur le mât de Beaupré. Du bleu, toutes sortes de bleu, couleur » parée de toutes les vertus poétiques » d’après Michel PASTOUREAU.
Fière allure, le grand voilier. Je l’imagine toutes voiles dehors ! Et la chanson qui va avec (Salut, Hugues AUFRAY !).
À Kolymbitra, cet homme qui part sur son étrange canot a passé plus d’une heure à préparer son expédition : tout est organisé au quart de poil. Les vêtements, la glace, les seaux, le petit moteur et la pagaie, il tourne autour de son canot, réfléchis, installe ses cannes, part chercher autre chose et le range ; il est paré pour une longue séance de pêche. Puis enfin, IL PART. Où va-t-il ? Pour combien de temps ?
Enfin, devant l’île d’Andros, sur le ferry du retour, ce joli voilier qui semble petit comparé à notre masse et celle des collines derrière mais file bon train : j’envie ses passagers. Carte postale mais instant suspendu.
BON VENT ET BONNE MER
L’Éternité et un jour, Théo Angelopoulos : comment mieux terminer ce billet ?