Partons, oh partons vers la mer ! Allons nous purifier. Plongeons avec les piquantes méduses du bout de l’île.
L’amie qui fait les photos (celles de ce billet : Feggari Xouw) me fait parvenir fort à propos un texte de Pierre REVERDY :
[…] lorsqu’émerge enfin des profondeurs de l’horizon sévère le fronton limpide du matin, aborder, au signal du levant, l’éclatant rivage de la Grèce — dans l’élan sans heurt des flots dociles, frémissant parmi les doigts de cette large main posée en souveraine sur la mer. […] in La Balle au bond précédé de Sources du vent.
Qu’est-ce que le bout d’une île ? L’étrange question. Une île ronde a-t-elle des bouts ?
Quand on est sur une île longue, on désire ” aller au bout ” ! Voir où l’île finit, voir où l’autre île commence puisqu’elles se succèdent.
Pour chaque voyage, quelques images fortes, quelques instants persistent.
Le passage par les écrasantes carrières de marbre, sur des pistes où il faut drôlement s’accrocher à son siège et encaisser avec tout le corps les sauts de carpe de la vaillante automobile. Mais être tant saisie par les lieux :
En arrivant à Koumelas, un émerveillement de bout du monde. Une baignade, vite ! Et même si la petite méduse rose me pique – je garderai la trace très longtemps – j’ai pour ce paradis une tendresse totale. Les deux femmes du village qui tentent de débarrasser la mer des méduses – avec une tong et un bâton – tandis que nous essayons d’en sauver, planquées dans nos rochers.
Il faudrait raconter, raconter encore la découverte de Mali encore plus loin, le chat roux qui ne nous a pas quittées, l’étrangeté de ce vide et de cette plénitude, des angles et des courbes.
Peut-être existe-t-il encore un autre bout de l’île, plus loin, qu’il nous faudrait atteindre à pied…
J’avais des idées de vignettes musicales gaies et dansantes ; mais j’ai envie de rendre hommage à la dame qui est partie, emportant avec elle son âme musicale, nous laissant à la fois orphelins et comblés.