Titre au goût douteux – Impudeur – Aujourd’hui 13 novembre – À mes morts, aux vôtres.
Les boîtes noires
Je ne porte pas ma perte en étendard.
Je n’arbore pas de noir brassard.
Mais pour autant, je ne ferme pas mes tiroirs.
Il y a des cadavres dans mes armoires.
Rien n’est enfoui, tout est à vif.
Vous avez vos tiroirs. Vous avez vos armoires.
Jamais je ne vous dirai de tout fermer.
Les preuves des absences ne sont pas des absences de preuves.
L’épreuve des vivants se tient dans des boîtes.
Les manuscrits et les photos…
Les dérisoires traces d’un passage éclair.
Vous dites : n’ouvre pas les boîtes.
Vous dites : laisse les morts à leur place.
La place des morts ?
Dans les tiroirs ? Dans les armoires ? Dans les boîtes noires ?
Je ne porte pas ma perte en étendard.
Alors, vous oubliez.
Comment vous en vouloir ?
12 novembre 2017
Photo de Une : Hubert – Saint Malo
Jamais su laisser les morts à leur place, ils sont là, bien présents, pas d’armoires pour les planquer.
Et ce n’est pas pour entretenir un deuil (quelle horreur ce mot) interminable, mais parce que ce sont eux qui nous ont accompagnés, en vie.
Et quoi de plus beau que cet adagio rêveur de Ravel ?
Alors, à nos morts ! Na zdorovié !
Alors, sans leur laisser toute la place (non mais quoi encore !), savoir se souvenir, sans pathos. Mais le déni, l’oubli, l’ardoise magique : impossible ; impensable. À eux ! Aux vivants !
Des boîtes de toutes sortes,
des boîtes au couvercle interdit
des boîtes et
nous sommes
Oui. Mes armoires aussi, mes tiroirs non plus. À toi, à eux, à nous!
C’est fort ce poème, c’est puissant et en même, temps discret comme ces choses précisément qui reposent depuis si longtemps dans les armoires et les tiroirs…
Merci beaucoup. Contrairement à ma pratique habituelle, ce texte a été écrit en quelques minutes, sans retouches. Ça devait couver depuis un moment. J’apprécie votre retour.
C fort C juste C puissant! !!!!!
C’est parti tout seul… Je l’entendrais bien slamé, celui-là !
Pourquoi pas….
Faut le bidouiller, l’alléger. Si le cœur t’en dit…
“L’épreuve des vivants se tient dans des boîtes.” c’est bien là le noeud de la douleur. La perte, je la braille comme une aveugle puis tout s’éteint.
Les aveugles ont une vue perçante ! Et seule la mort éteint la lumière.