Chez l’amie, là-bas, parfois il pleut des chats. Ils dégringolent harmonieusement de l’immense tonnelle de glycine qui ombrage la terrasse.
Je tairai leur nom car je leur ai promis l’anonymat. Ils vont et viennent à leur guise. Parfois – c’est assez rare – il y a un peu d’agacement dans l’air, un feulement crescendo. Mais c’est un art de vivre, un peu de piment dans le quotidien. Ils ont leurs coins, leur rythme. Bref, ils vivent leur vie de chat.
Ils définissent les rapports, la distance, le modus vivendi. C’est à prendre ou à laisser. On prend. On prend les deux profils offerts, spontanément.
Cadeau
Chat de lumière. Chat d’ombre Chat posé Chat perché
Chat lové
Ceux-là ont une belle vie parce que l’humaine veille sur eux. Les autres, les solitaires, on ne sait pas trop… Il y en a tant !
J’ai aimé les voir vivre si libres, si beaux dans leur indifférence ! Pas de familiarité avec la visiteuse. Un petit nouveau tigré voulait intégrer la bande. Mais au bout de quelques jours, l’humaine s’est aperçu qu’il était très dominant voire agressif avec les habitants du lieu. Alors, non, tu n’as pas ta place dans le clan si tu viens semer ton souk et faire le matamore ! Donc, dehors, pfuittt, file. Tu ne terroriseras pas la si douce :
Ils sont là à l’heure des repas. On ne sait jamais. Quelque chose peut tomber de l’assiette. Cela arrive parfois parce qu’on est très maladroites !
Tiens, il vient de pleuvoir un chat !
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin […] Baudelaire – Les Chats
Et elle, parce que je l’aime trop !