Spéciale dédicace Clarisse Mèneret, auteur d’une photo de rêve.
Lorsque j’ai vu cette photographie, j’ai pensé à une peinture : tout y est comme revisité, interprété. Ciel, nuages, arbres, couleurs. Impression d’irréel. Et puis on s’approche et on distingue deux personnages. Un humain (une humaine en l’occurrence) et un museau et des oreilles. On revient au ciel marbré et au végétal à droite. On a la tête à l’envers. C’est un miroir. Mais oui, voilà : c’est le miroir de l’eau ! Les deux sont sur un pont et regardent l’eau ; ils y voient leur reflet – enfin surtout l’humaine parce que le chien, c’est plutôt les poissons qu’il zieute ! Et ils étaient nombreux et imposants, surtout les silures !
L’humaine voit dans l’eau, depuis le pont, tous ces échos. Elle les capte, les rapte, ces apparences furtives. Le regardeur acceptera d’être perdu un instant.
Je suis un peu confuse d’expliquer, de rationaliser le rêve. Je fais l’intruse, je divulgue. Je remets le monde à l’endroit. Parfois, inversé, il est plus joli. Tant pis, j’espère que la pourvoyeuse me pardonnera. Mais j’ai tant de plaisir à regarder cette image que je me permets de donner des clefs.
Pour certains, la lecture sera immédiate. Mais j’ai expérimenté que pour d’autres, l’image était incompréhensible, illisible. L’instant d’après ou d’avant, je ne sais, le monde réel se présentait comme ceci. Il était immédiat, clair, simple. Et puis on se penche sur la rambarde, le chien pose son museau sur celle du dessous. Et c’est un autre monde : celui du miroir. On reconnaît mais c’est étrange. Quelle est la vraie vie ? Dessus ou dessous ? De quel côté du miroir ?
Bon, je retourne me noyer dans le ciel avec Jean-Efflam (Quel nom !) qui joue Reflets dans l’eau de DEBUSSY et je remercie Clarisse pour ces instants de rêve.