Cela débarque parfois, arrive comme une vague qui vous prend par surprise, vous laisse pantois !
Cela a existé, vous y étiez, vous et vos autres, enfants, amis, animaux. C’est vous et ce n’est pas vous.
Les autres, c’est sûr, c’est eux. Mais vous ? Impossible de vous saisir, de vous saisir en l’instant. Pourtant vous vous souvenez de tout : la saison, l’endroit, la douceur de l’heure. Mais vous, pas moyen de vous mettre un nom dessus. Sous un auvent de bambou, devant le jardin où sûrement courent les chiens. Cette enfant au sourire indicible, au regard arrimé au vôtre, une main sur votre épaule. Quelque chose de poignant vous prend au plexus. Il fait doux, on va pouvoir dîner dehors. L’enfant demande quelque chose, peut-être : « On ira se promener après ? » ou bien « Qui tu préfères, Titus ou Mirza ? »… Il faut répondre.
Et puis quitter, oui, en se retournant un peu sur une image d’une telle douceur qu’on ne peut plus respirer, mais partir, laisser le passé au passé, à sa place et remercier que cela ait existé.
Musique : Frédéric CHOPIN, Valse de l’Adieu