Du lourd et du léger

Gaetano Veloso, Chanson de la Pleine Lune (très belle version aussi par Simon Diaz), chanson qui parle si loin, d’une nuit de l’enfance.

Plantées devant la bibliothèque l’autre jour avec une amie à la recherche de je ne sais quoi, je constate et me réjouis de la proximité de Barthes, Blanchot, Borgès (oui, il y a un peu d’ordre alphabétique, assez approximatif mais suffisamment pour s’y retrouver). Bon, c’est pas du marrant-marrant, tout ça mais, je les aime beaucoup. Il n’y a pas Bonnefoy parce que mon rayon poésie est ailleurs.

Du coup, je feuillette, musarde et m’enchante. Partage :

Barthes.jpg

Or il se trouve que dans ce pays (le Japon), l’empire des signifiants est si vaste, il excède à tel point la parole, que l’échange des signes reste d’une richesse, d’une mobilité, d’une subtilité fascinantes en dépit de l’opacité de la langue, parfois même grâce à cette opacité R. BARTHES, L’Empire des signes.

Et BLANCHOT, dans La Solitude essentielle – chapitre souverain qui ouvre L’Espace littéraire – de dire d’une façon lancinante : Écrire, c’est se livrer à la fascination de l’absence de temps. […] Écrire, c’est se faire l’écho de ce qui ne peut cesser de parler […]

Et BORGÈS, si proche de Blanchot – et aussi de Barthes pour l’histoire de graphie – dans ce  » quelque chose qui ne cesse de s’écrire  » :

Je suis sûr que la lune, ou que ce mot : lune,

Est un signe, une lettre imaginée exprès

Pour la complexe écriture de cette très

                                      Étrange chose : nous – innombrable mais une.

La Lune in L’Auteur 1960

Jorge-Luis-Borges.jpg

(Je donne pour les amis hispanisants – et pas que pour eux finalement, c’est à chanter sans comprendre, cette langue-là – la version en langue originale à la fin du billet.)

Alors, en pareille compagnie, qui peut se plaindre ?

Et eux trois, presqu’à côté dans la bibliothèque, sur les rayonnages d’en haut qui rayonnent, avec entre eux parfois un Blondin qui se marre et un Beckett ravagé d’humour, eux trois ont changé ma vie, j’en suis sûre. Ils ont fait émerger l’émotion par l’intelligence. Et de ça, on ne se remet pas : tant mieux !

 

Sé que la luna o la palabra luna

Es una letra que fue creada para

La compleja escritura de esa rar

Cosa que somos, numerosa et una.

 

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