Sans doute le voyage en Chine avec Marc Riboud m’a remis en mémoire de vieilles images, de mystérieuses, de lumineuses, visages et paysages : l’éloquence de certaines est étonnante, le silence d’autres est probant : FLORILÈGE

À vous de voir lesquelles parlent, lesquelles sont silencieuses, lesquelles parlent de silence.

J’ai des musiques pour chacune de ces images : musiques sans note sur la portée, musiques douces et inoubliables, de celles qui sont incrustées dans la tête, une bonne fois pour toutes. Et quand je parle de ” bonne fois ” , il n’y en eut qu’une (fois) : cet instant-là où nous étions présents sans doute, mais qui semble n’avoir jamais vraiment existé. Ou bien dans une vie antérieure. Ou encore dans un rêve. Alors, ces musiques ou ces sons plutôt vont avec l’irréalité, c’est de l’intangible, du suspendu, vagues et vent, voix perdues dans le lointain, respirations, souffle…
C’est étrange comme certaines photographies nous envoient la solitude en pleine figure, elles évoquent sans parler, elles disent l’absence de tout, elles sont un blanc.
P.S. : rajout du 26/02 : Jetez un œil ou cil au site de Philippe Pelletier : philippepierrepelletier.com
De nombreuses photos sur face de bouc aussi. Ce n’est pas de la pub ni du copinage : c’est un excellent photographe.
Pour moi aussi !
Cette photo de plage (Saint Palais, 1982) est vraiment belle. Elle offre, ce qui est rare, les mouvements qui viennent aprés, feront pause à nouveau, et se relanceront. Lumières bouclées.
Pour le coup, coup de chance : tout était là… y avait qu’à…
Lumière au rendez-vous et reflets à l’appui, anticipant ou retardant, décalés. Tout est mouvement. Un film ne serait qu’anecdotique. La photo suspend et laisse filer.
Merci d’avoir vu ça.
Avec beaucoup de retard en retard, tout d’abord merci Claire pour ce billet très bien fait que je découvre et merci à tous pour vos commentaires.
Oui les photographes sont par nature des solitaires. Ce n’est pas leur boulot qui l’oblige à l’être, ce sont eux qui le choisissent pour ça : un appareil, un oeil, deux jambes et le monde
séquence un infini, heureux, car choisi et sans prix !
Mais ils ne le sont pas davantage que l’écrivain, le cinéaste ou le musicien. C’est leur présence figée, suspendue, scotchée au réel auquel ils appartiennent, mais dont ils s’efforcent de
soustraire leur corps qui fait d’eux des suspects, refusant de parler en direct, empailleurs taiseux.
Mais aucune âme en leurs images n’a vocation à se taire, bien au contraire, ils s’en occupent.
Oui, solitude du regardeur (je n’ai pas dit voyeur) de fond et absence affichée, soustraction de soi alors que l’œil est si actif, la poésie si affûtée. Acteurs dérobés qui chérissent leur
disparition. Pour moi, magnifique mystère de cet art.
Bonne idée d’exhumer cette étonnante photo de Philippe ! Quel silence ! Ciel et eau aussi gris qu’immobiles. Même les deux personnages qui quittent discrètement le cadre font tout pour
être inaperçus. Ils s’esquivent simultanément pour ne pas rompre la symétrie de l’image. Dans quelques secondes, les deux autres vont se retrouver seuls, et quand ils seront partis -ce qui
ne saurait tarder à cause du froid- l’image sera complètement vide. Et silencieuse. Aucune musique ne me vient.
L’autre photo est évidemment à l’opposé. Surtout, il y fait moins froid -bien qu’on soit en février.
Oui, il l’a chopé, ce silence de fond, comme la course du même nom ! Cette séparation de tout. Seuls, ensemble. Bien vu, les figurants qui quittent l’image comme les musiciens la scène, les
uns après les autres chez Haydn, je crois. Rideau.
L’autre, c’est la VIE, les enfants piaillent sûrement, les chiens aboient pour rire. Le tout par deux fois, à cause du reflet.
Je me souviens vaguement de cette journée. Cette photo est belle. Merci du partage et de joli billet.
Oui, on était au mois de février mais vous étiez quasiment dans l’eau, à la grande joie des chiens. Les reflets sont magiques et le mouvement aussi : la chance (contrairement à la photo, très pro
de Philippe !)
Merci de ton passage, perle.