DÉCEMBRE
Et encore plus loin, anonyme distance, décembre enfoui, il faisait nuit à cinq heures. Dehors, les enfants baladaient leur dense monde dans le noisetier. De la fenêtre de ma chambre, voyeuse, je suivais leurs jeux, tranquillisée par leur enfance présente, vécue vaille que vaille. Dans l’arbre, un univers, leurs petits corps vigoureux se suivaient, se frottaient à l’écorce et à l’air froid.
Bleu du froid vespéral, étourneaux inconnus en grappe éclatée avec l’illusion du familier.
Ô connaître enfin la familiarité, tandis qu’à l’imprévu nous nous rendons.
J’ai cicatrisé de navrants abandons ; il m’en vint, éperdument balancée sur le fléau des matins, d’acides rires et de cinglantes colères.
Dans le guet irraisonné des bateaux de la joie, le déclin des êtres coula sur mes joues.
Ce fut par l’afflux de certaines partitions miraculeuses que se brisèrent très silencieusement les amarres.
Je n’en attendais pas davantage et je fus violence.