» Je suis venu nombreux » dit-il dans son discours de réception à l’Académie Française où il est arrivé avec 13 minutes de retard. Ce discours est passablement azimuté ! Il y est question d’auto-tamponneuses, de kabuki, de rock’n roll, de Fellini et de mille autres choses et gens, le tout dans un désordre très organisé… J’aime bien Weyergans parce qu’il est extravagant, même s’il cultive cette extravagance. A-t-on le choix quand on est extravagant ? J’aime ce mot (vous l’aurez noté). J’ai aimé ses premiers livres. Maintenant, j’aime l’entendre en parler. Quand son dernier bouquin est paru, il explique qu’il avait pensé à Mémoire pleine comme titre. » Mais Mémoire pleine, ça la fout mal. Royal Romance : ça rime avec Weyergans. «
Dans le rire de certaines personnes, on sent quel courage il faut pour être vivant ! Et quand, comme Weyergans, on est » nombreux « , ça complique encore. Il faut alors avoir l’art de la formule. Weyergans l’a.
Il n’est pas le seul, heureusement.
Quand je passe des jours et des jours au milieu de textes où il n’est question que de sérénité, de contemplation et de dépouillement, l’envie me prend de sortir dans la rue et de casser la gueule au premier passant. Emil Cioran, Pensées étranglées.
Je suis un peu dans cet état d’esprit. Ce soleil me déprime (je rigoooooooole, comme disent les enfants quand, justement, ils ne rigolent pas du tout).
Le compagnon me dit : » ARRÊTE CIORAN ! » Je réponds : » Cioran, j’arrête quand je veux. » Et je pense » Cioran est nombreux. «
P.S. : Comme toujours pour des écrivains que j’aime, j’apprends avec étonnement et tristesse, la fascination que Cioran éprouva pour le fascisme.
P.P.S. : DISSONANT m’a paru bizarre parce que SONNER prend deux N… mais non, SONNER , 2 N mais DISSONANT, 1 N. Allez comprendre !