À propos de Schubert, il dit ceci : la naïveté n’est pas la simplicité. La naïveté, c’est l’énergie enfantine.
Il dit encore : Beethoven, c’est un architecte ; Schubert, c’est un somnambule. Et je trouve l’image très belle parce qu’elle est juste. Pour lui, Schubert est TENACE et ce mot, encore si pertinent, m’attrape et ne me lâche plus.
Il ne les compare pas, il les rapproche, l’homme en colère et le tenace timide. Ce n’est pas une distribution de bons points : c’est de l’amour, l’amour différent qu’on éprouve pour deux amis différents.
J’aime lorsqu’il dit que Malher et Schubert ont ceci en commun de n’être pas maîtres de la situation, de subir un chaos intérieur. J’avais très vaguement fait des rapprochements entre ces deux-là et là, c’est lumineux.
Lui, c’est Alfred Brendel. Il parle de la musique. Il ne l’explique pas, ne l’explicite pas non plus. Il donne des clefs, il met des mots sur des ressentis – au sens profond du terme, pas les vagues impressions auxquelles ce terme est aujourd’hui accolé – que ses doigts et tout son corps feront vibrer. Il est aux tréfonds de la musique. Il respire musique. Passeur de passion. Et, avec les notes de la dernière sonate de Schubert, c’est l’ultime de ce qui peut être dit – et entendu – une main passée sur le front d’un mourant.
J’aime Alfred Brendel mais pour Schubert ma préférence, c’est Sviatoslav Richter :