Des hommes et des dieux

Les anges ont-ils un sexe ?

 

Mantegna dead christ

La Lamentation sur le Christ mort  (vers 1480) a été exposée à la tête du catafalque du peintre MANTEGNA quand il est mort : c’était son souhait.

Même si on n’a pas l’esprit mal (?) placé, on a des yeux pour voir. Et l’on voit – entre autres choses – un homme pas si mort que ça ; il reste de lui ce qui faisait de lui un homme. C’est une représentation très spécifique d’un trauma physique et émotionnel qui vient contrarier l’idéal spirituel. En s’appuyant sur un ouvrage de Léo Steinberg (La sexualité du Christ dans l’art de la Renaissance et son refoulement moderne, Ed. Gallimard, 1987), Daniel Arasse fait mention d’un culte au sexe du Christ à la Renaissance, visant à prouver sa part humaine et à justifier l’incarnation du Fils. Donc oui, 1000 fois oui, le Christ est un homme, un homme très humain, même mort – surtout mort ?

Dans Phallophanies* –  la chair et le sacré, Alexandre Leupin recense l’incroyable présence cachée du sexe du Christ et des saints. Il montre la pauvre, l’insupportable vérité du sexe.

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Ce n’est pas moi qui fais le rapprochement entre ces deux représentations d’un homme mort. Freddy Alborta photographe bolivien, auteur des clichés du corps de Che Guevara raconte : J’ai été ému par le regard de Guevara. J’avais l’impression de photographier le Christ, et c’est dans cet esprit que j’ai travaillé. Ce n’était pas simplement un cadavre, c’était quelque chose d’extraordinaire. On veut bien le croire, on le VOIT, l’émotion et le malaise, la compassion – la Passion avec – et quelque chose qui étreint, sans doute notre pitié pour nous-mêmes, déplacée sur cet autre, qui est beau… et mort.

C’est un autre sujet, me direz-vous…
Dessous, un collage réalisé il y a longtemps déjà avec ce corps d’homme, cette lamentation de Mantegna sur le Christ mort, comme une vision obsédante, un syndrome post-traumatique…

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Le Christ n’était qu’un homme. Le Che devient un dieu. Des deux images, où est le surhomme, où est le demi-dieu ? Quelle aura dans la mort, un laisser-passer pour l’éternité… Ou du moins, la mémoire des humains.  Et pour preuve, les paroles et l’iconographie quasi mystiques de Hasta siempre.

P. S. Le titre du film de Xavier Bauvois est Des dieux et des hommes. Moi, je mets les hommes avant.

*d’après Lacan : Manifestation / Apparition du phallus

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