Qu’apprends-je ? Que me dit-on là ? Mon Robinson Crusoé, celui qui m’a tenu compagnie pendant des années – et à qui, j’en suis sûre, j’ai aussi tenu compagnie – Robinson-le- gentil, victime d’un affreux naufrage, Robinson-l’inventif – ah le passage où il fabrique de l’encre pour tenir son journal ! – Robinson-le-brave-homme qui “recueille” Vendredi, Robinson-le-courageux qui affronte solitude et tourments ! Tout ça, tout ça et plus encore.
Jamais l’appellation “livre de chevet” n’a si bien porté son nom : usé jusqu’à la trame, lu et relu ; et moi, horrifiée avec Robinson, désespérée aussi, toujours pleine de courage avec lui, contente de moi quand il trouve des solutions, triste jusqu’au fond de l’âme quand il se sent seul. Il y a bien quelques petites infidélités pour un Jérôme K. Jérôme ou un Allumeur de réverbères, un Puck Détective ou Le livre de contes russes… mais toujours, je reviens sur l’île déserte et vers mon ingénieux héros, toujours. Je laisse à ma sœur, L’Herbe verte du Wyoming et toutes les Flickas du monde ! Et à mon frère l’héroïsme des pilotes de guerre…
Crusoe Robinson and Man Friday Carl Offterdinger
Et voilà que j’apprends que mon Robinson a pour modèle un affreux jojo nommé Alexander Selkirk, pirate, ” buté, sournois, tête de lard, querelleur ” 1 ! Le bad boy intégral, le corsaire que son capitaine abandonne sur une île tant il est ingérable. Il y reste 4 ans (de la gnognotte comparé aux 28 années de mon Robinson…)
Bon, il faut bien que les idoles tombent et avec elles des pans entiers de l’enfance. C’est comme ça.
J’aurais aimé ne jamais connaître l’infâme vérité. Sombre journée pour les héros ! Je m’en remettrai.
1 Les Folles Aventures du vrai Robinson Crusoé / Diana Souhami, Autrement, 2006 – Préf. Michel Le Bris
P.S. : Quand même, j’adore les histoires de pirates et autres flibustiers. Il existe même un livre – que mon père avait offert à ma mère (!) – sur la flibuste féminine.
Vous avez le choix entre Les Marquises et Une île. Et pourquoi pas les deux ?