Le voilà mon héros, mon héraut. Je ne connais pas bien son histoire ; de lui, je ne sais que ce qu’il m’a donné depuis que je le connais, c’est-à dire hier pour lui. Mon attachement est très profond : c’est un respect, une admiration, une distance à laquelle il me tient. C’est une tendresse filiale. Cet arbre est un monument, une nef, un père nourricier : il faut entendre le petit peuple d’oiseaux qu’il abrite et les abeilles et bourdons qu’il nourrit à la saison ! Il abonde.
Fine, folle, âme, vole
Âme de l’arbre aimant,
File, âme de l’arbre aimé.
Dans ta voilure, par les haubans,
Sur le mât de hune
Monte
Vers les espaces hauturiers
Âme de l’arbre.
Lames effilées, grands bras levés
Happe les lunes pâles,
arbre nocturne.
Palpe le fin lien
Terrien, céleste, marin.
Fine, folle, âme de l’arbre,
volet de l’aube,
vole.
Je vous le prête d’autant plus volontiers qu’il ne m’appartient pas. D’ailleurs les arbres n’appartiennent à personne ! Un proverbe chinois dit que le jour, les hommes regardent les arbres, la nuit, ce sont les arbres qui regardent les hommes…
Photographie : Clarisse Mèneret