Qu’est ce qu’une photo réussie ? Drôle de question pour démarrer un billet sur les photos ratées. Je lis ici et là qu’on peut évaluer le taux esthétique et je tique ! Et je me prends à cauchemarder sur une machine à évaluer la beauté et l’émotion.
Une photo réussie est-elle un belle photo ? Moi qui suis piètre photographe, je pense que la démarche qui consiste à fixer n’est peut-être pas pour moi. Et mon bon ami – et bon photographe – me dit souvent : « Ce n’est pas parce que ce que tu vois est beau que la photo sera belle. » Il a raison, comme d’habitude ! Là, au dessus à gauche, c’était beau (l’envol du vautour, il vaut mieux que je vous le dise) et la photo est nulle. Ce n’est pas la faute du vautour.
Au moins, avec la photo ratée, il n’y a pas de doute. Quoique…
Je me souviens d’avant le numérique quand parfois la pellicule se coinçait : au tirage papier, cela pouvait donner d’étranges superpositions, des apparitions fantomatiques, des transparences, des entremêlements savants et/ou désordonnés dont les possibilités de lecture étaient innombrables.
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D’après Roland Barthes* la photo devient « surprenante » dès lors qu’on ne sait pas pourquoi elle a été prise. J’aime cette idée de surprise et les photos ratées découlent souvent de ce décalage, infime ou énorme avec l’intention du photographe.
(Petite explication pour la musique. Lorsque j’ai écrit ce billet, il y a longtemps, la vignette musicale était Yodle de René Aubry, video à laquelle nous n’avons plus accès. Mais je souhaite rester avec Aubry avec Seul à Barbès)
La photo ratée peut être drôle mais ça n’est pas obligé. Elle peut être tristement ratée et si on a le sens de l’humour, on rit. Elle peut faire carrément marrer et là, ci-dessous, c’est ce qui se passe. Parce que je sais que nous étions très sérieux à ce moment, la photo est vraiment hilarante. J’ai des joies simples !
* Roland Barthes La Chambre claire dont je parle souvent !