Image de Une : Skander Zarrad
Nous sommes quelques uns à les aimer sans savoir vraiment qui ils sont. Si nombreux, si différents, si présents à qui sait les voir…
Première image, ce matin très tôt : la silhouette de la pie dans son arbre, juste en face de mon lit. Elle sautille de branche en branche, elle fait quelque chose, c’est sûr. Elle seule sait. Et moi, je commence ma journée « en oiseau » comme dit la grande Vinciane DESPRET.
N’a-t-on pas dit des oiseaux, me rappelait mon ami Marcos, qu’ils mettent le monde créé en état de louange ? Ou peut-être devrait-on ajouter qu’ils mettent la création en état de grâce. Vinciane DESPRET Habiter en oiseau

Suite à de grands chamboulements dans ma résidence, ils mettent du temps à revenir sur mon balcon : ils me manquent.
Tant de manques dans cette vie ! Tant de travail pour tenir à distance la dangereuse médiocrité du temps présent !
Alors venez m’aider, oiseaux ! Je vous appelle à l’aide.
Pourtant, un autre matin, très furtivement, d’abord la sittelle puis le rouge-gorge, l’une après l’autre. Ils semblent ne pas reconnaître le balcon.
Je propose deux photos anciennes. Je voudrais qu’ils sachent que j’attends avec ferveur qu’ils reviennent, eux et les mésanges.


Allez ! Venez ! Je siffle (mal) Revenez,
oiseaux, pour mes yeux et ma joie.

En attendant de retrouver leur présence bénéfique, je me régale – et me désole tout à la fois – en lisant l’engagé et lapidaire essai de Barbara CASSIN La guerre des mots : Trump, Poutine et l’Europe – Flammarion, octobre 2025
Ils croient en la puissance du langage , ils veulent en être les maîtres. En supprimant les mots, ils pensent qu’ils suppriment les choses.
[…] la rhétorique populiste. Se mettre à la place du peuple parce qu’on lui appartient : je suis le peuple et vous êtes moi. Quand je vous dis ce que je pense, je vous dis ce que vous voulez entendre puisque vous et moi ne faison qu’un. Et plus loin, C’est que, à vrai dire je suis « vous » en mieux !
Mais tout serait à citer : le flou du sens (dans les formules et dans le langage basique d’ado pour Trump), Orwell et le tout-numérique, la sidération de l’Europe. À lire d’urgence même si ça fait peur et qu’on préfère de très loin le chant des oiseaux !
Et lire (oui, Monsieur Sarkozy père : La Princesse de Clèves) et écouter les lucides et plonger dans Nicolas de Staël : seule la culture peut nous sauver.
L’autre jour à la radio, je reconnais une voix très aimée qui chante les mots d’un autre, très aimé aussi. Je mets un moment à rassembler les morceaux. Mais bon sang, mais c’est bien sûr ! A galopar !
Je suis allée écouter d’autres chansons de Brassens par Ibanez et TOUT est bien ! Ça nettoie les oreilles et l’esprit.