La Photo de Une et celle de l’arbre sont de Clarisse Méneret-Massart.
Ne pas regretter, oh non pas les regrets ! Ne pas se dire » si on avait su… « , » on aurait dû « , » la prochaine fois « …
On va peut-être même oublier. Peut-être seulement…
On va inventer la liberté, on va inviter la joie. On a le temps maintenant. On a presque trop de temps. On le met à profit (je ne trouve pas d’autre mot, moins vilain).
On trie des photos et on s’émeut. Pas trop, on les regarde comme pendant une convalescence.
Ah et puis zut, on a le droit d’être émus !
Non, ces temps-là ne reviendront pas.
Il en viendra d’autres : saurons-nous dire s’ils sont beaux ? Au moment où nous les vivons ?
C’est cela qu’on aura appris, compris. On essaie depuis si longtemps d’être ici et maintenant. Puis on oublie. Notre distraction l’emporte.
Quand l’ici et le maintenant prennent toute la place, on voit combien sont rares les moments où nous étions conscients de leur grâce, combien nous y étions peu attentifs !
Savoir regarder un arbre, y voir et la vieillesse et le revif. Regarder et voir. Non pas s’approprier, mais être totalement disponible à cette présence.
Alors, on fera ça, encore plus. On se jure que notre absence deviendra une présence vraie.
On fera attention. Attention : action de tendre l’esprit vers quelque chose (et j’ajoute quelqu’un).
Après le chaos, le kairos ? Il ne faudra pas le louper, celui-là !
Un enfant dit, C’est quoi l’herbe ? et m’en donne à pleines mains ;
Que pourrais-je lui répondre ?… Je n’en sais pas plus que lui.
Je suppose que c’est l’étendard de mon naturel, tissé de vert espérance.
Walt Whitman – Feuilles d’herbe