Arbre de saison

Dürer Le sapin
Dans la série ARBRES, le sapin !

Schubert évidemment parce que Le Pâtre sur le rocher mais finalement Adam Laloum dans un Impromptu parce que je l’aime beaucoup. Je l’ai vu et entendu à Lacanau, l’an dernier : magnifique !

Je continue à feuilleter le livre d’arbres et de peintures – merci M. B. ! – et après le saule (cf billet du 21/11), j’ai envie de parler de “l’arbre des peurs enfouies”, ainsi que le nomme l’auteur (non, pas d’E même si c’est une dame, faut pas pousser !) Hélène Mugnier*.

De saison, mon arbre : le SAPIN ! Vous remarquerez que je vous ai fait grâce, en vignette musicale du très célèbre O tannenbaum… ou en français Mon beau sapin, roi des forêts. Le Christmas tree est à l’origine complètement païen : les celtes l’honoraient le jour du solstice d’hiver – 24 décembre – en des ripailles très épicuriennes !

C’est un arbre de montagne ; rien à voir avec notre pin maritime. Le sapin résiste aux assauts du froid. Mais les montagnes sont longtemps vécues comme des lieux peu accueillants voire hostiles. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on les peint peu. 

Albrecht Dürer est une exception avec son contemporain Albrecht Altdorfer (ci dessous).

A. Altdorfer Paysage avec bûcheron – vers 1522

Ce qui est remarquable c’est qu’il s’agit des premiers tableaux de paysage de l’histoire de la peinture occidentale. Le paysage n’était avant eux qu’un décor.
Pour notre sapin, il faudra attendre les débuts de l’alpinisme (1808 – Première ascension féminine du Mont-Blanc par une habitante de Chamonix : Marie Paradis) pour que les artistes emboîtent vraiment le pas aux scientifiques. On trouve même en 1923, une… 

becassine-alpiniste-1923

Et les romantiques, fascinés par la métaphore mélancolique de l’arbre qui s’adapte à l’univers hostile, vont faire entrer le sapin en peinture et en majesté.

Voici donc Caspar David Friedrich et son Chasseur dans la forêt (1813-1814), son homme et sa cape verte qui se dirigent vers une forêt que l’on devine serrée et sombre. Ils sont beaux, ces sapins très légèrement saupoudrés ; ils sont grands par rapport à l’homme qui va pénétrer dans la forêt, sous l’œil de l’oiseau, au tout premier plan. Reviendra-t-il, cet homme ?

CDFriedrich.JPG

* Quand la nature inspire les peintres – Hélène Mugnier – Éd. Plume de carotte, 2012

P.S. : Je n’ai pas la place ici : je vous encourage vivement à aller regarder Félix Vallotton et La Dent du Bourgoz (1905). C’est trop beau ! Sans parler de L’avalanche dans les Grisons de Turner.

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Nana Massart
Nana Massart
il y a 8 années

Oui, oui! fêter le solstice d’hiver (24 décembre), Je me sens l’âme Celte. Je ne sais plus à quel saint me vouer car on nous aurait raconté des mensonges… Tous les chrétiens ont été berné :
Jésus serait né au printemps lors du passage de la grande comète ayant guidé les rois mages…J’aime tous les épicéas mais j’ai une préférence pour le cèdre du Liban et le pin maritime.Que ces
arbres nous protègent encore longtemps…

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 8 années

Non, on a juste ” mixé ” les fêtes des païens, des chrétiens et même d’autres civilisations. Le mensonge est de nous avoir fait croire que seule la naissance de Jésus comptait et surtout,
comme tu le dis, dans un calendrier inexact. Mais le Père Noël, moi, j’aimais bien !

Les mélèzes de la Creuse sont extraordinaires aussi. Mais, Nana, comme je te rejoins pour le cèdre du Liban : quel arbre ! Je me souviens encore de son odeur…

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