Évacuons tout de suite l’essentiel : de Jean Do, je n’ai rien lu si ce n’est le texte sur les cris des animaux qui est mignon. C’est grave, docteur ? Au vu de ce que j’ai lu ici et là, je pense que c’est suffisant. Un ami me dit : c’est un pervers ; il passe son temps à dire qu’il est nul en tout – ce qui est peut-être vrai, je n’en sais rien – mais avec une élégance totale ! Il est nul avec classe et le dit avec un raffinement parfait.
Un autre ami m’écrit : ” 60 000 personnes pour l’enterrement de Johnny, un chien pour Mozart…” On en rit…
Pour les gens arrivés la veille de l’enterrement de ” l’idole des jeunes “, une distribution de couvertures de survie est organisée ; je me demande si quelques sans abris, vous savez, ceux que l’on empêche par d’élégants moyens de trouver des refuges, ne se sont pas glissés dans la foule pour profiter de l’aubaine. Sont gonflés, quand même ! Je me demande aussi si je suis normale : des personnes que j’aime beaucoup beaucoup, dont je partage les goûts musicaux semblent touchées par cette mort. Elvis était son modèle ? Je n’aime pas Elvis. Ce que je n’aime pas – et je l’ai déjà dit – c’est le plagiat et la distorsion jamais reconnus d’une autre musique. Une musique dont les représentants crevaient souvent la dalle !
J’ai toujours trouvé cet homme assez laid, avec des goûts de chiottes (les vestes à franges, tabernacle !), pas très sympathique. C’est mon problème. On me dit qu’il était gentil. Important, la gentillesse. C’est souvent ce qu’on dit des idiots, non ? Il vaut mieux être crétin et gentil que… etc. Mais soixante mille personnes pour aller crier leur détresse, quelque chose m’échappe. Et ne me dites pas que je suis élitiste. J’aime la chanson populaire (sauf Michel Sardou).
Je pense à cette phrase que ma mémoire vacillante attribue à Michel Bouquet, lequel est très triste parce qu’il vient de perdre son chien ” C’était un brave homme “. J’ai envie de dire de Jean-Philippe Smet : ” C’était une brave bête “. Ce n’est pas méchant, au contraire. Son amour des chiens me le rend un peu attachant, attachiant disait une copine, tant qu’à faire, allons jusqu’à attachien. C’est là, je pense, notre seul point commun.
J’ai entendu une pépite : j’espère tant que vous aimerez ! Oui, la vie est belle !
Photo de Une : les chaussures de Charlot – Aurélien Lespinasse pour l’Huma
J’aime ce film (La vita e bella) et tant pis pour les pisse-froid qui crient au scandale.
Et pour le JH’s day : un million de fans hystériques dans les rues, pas soixante mille. Récupération politique tous azimuts aussi. Bof, on oubliera vite. Lui et Jean d’O, des people qui ont su très habilement gérer leur communication, l’un plus drôle et franchement plus intelligent que l’autre, chacun avec un talent réel de show-man. Et les deux m’ont fait rire, l’un à l’insu de son plein gré…
Et Mozart est toujours là.
D’accord sur toute la ligne ! J’avais juste oublié un zéro – 600 000 – mais quand on n’aime pas, on ne compte pas non plus ! Parfois, j’ai été touchée par la mort d’un chanteur, d’un écrivain. Mais là, mon indifférence confrontée au barnum… Oui, Mozart, valeur sûre pour les siècles des siècles.
Ah ! je suis bien d’accord avec vous ! Vous croyez qu’on m’aurait offert une cavalcade pareille, en mon temps ?
D’aucuns ont fait la comparaison avec Victor Hugo (j’hallucine), et avec le couple Cocteau-Piaf. Sauf que Cocteau était quand même bien autre chose que Halliday question paroles et musique. Qui oserait dire le contraire ? Piaf / d’Ormesson sais pas trop ce que vaut la comparaison, mais je gage que la Piaf laissera plus de traces que ce spécialiste mondain du coup de communication…
Maurice, yop la boum ! On a les vedettes qu’on peut ! Reflet de l’acculturation que cet hommage ! Pas de panem mais des circenses ! Tournons nous vers les valeurs sûres dont vous faites partie même si… bémol ?
Eh bien je partage ce que tu écris, à quelques nuances près…
Je trouve que d’Ormesson écrivait bien, que c’était, espèce rare, un homme cultivé, qui avait fait ses “humanités” , et qui a produit une oeuvre inégale, plus journalistique ( et non engagé du côté de mes préférences…) que littéraire, certes, mais une oeuvre intéressante tout de même. J’appréciais son esprit, ses réparties, et même s’il a commis quelques bourdes “dignes” d’un homme de droite, il a aussi fait entrer une femme à L’Académie. J’ai pour lui quelque indulgence. L’hommage rendu me semblait justifié.
Quant à Johnny national… je m’en soucie peu. Je n’ai jamais acheté un disque et ne comprenais guère l’engouement de mes copines collégiennes. Plus tard j’ai apprécié quelques chansons, écrites par Michel Berger… sans plus. Le personnage et ses excès…ça m’importe peu. Mais que près d’un million( et non pas 60 000 !) fans, se gèlent pendant des heures ou font des kilomètres pour “voir”…. ça me questionne. Non, ce n’est pas un héros… c’est une idole, au sens étymologique et péjoratif. Et si autant de gens ont besoin de ce genre d’idole dans une société aussi bancale, c’est peu rassurant. Et triste.
Nous différons juste sur la qualité d’écrivain de Jean d’Ormesson. Bien écrire n’est pas suffisant pour faire une oeuvre. Mais je suis mal placée… Je trouve excessif l’hommage rendu, compte tenu de l’ensemble des productions. Bien d’accord sur le mot idole qui ne sent pas bon. Pas triste : il y a tant de grands écrivains et chanteurs, il faut juste les lire, les écouter et… partager.
Attachiants. Pour bon nombre d’entre eux, le mot est juste. Pour des raisons très diverses. Merci… comme d’hab.
Grande tristesse pour moi d’avoir vu 600000 noyés dans l’hystérie du bruit qui leur a été assénée pendant tant d’années, sans parler du matraquage médiatique associé – Alors, je m’évade avec Brel, Brassens, Nougaro ….c’est mieux.
Ne sois pas triste, s’il te plaît, on était quand même nombreux à être restés chez nous à écouter Ella, Georges et les autres, les nôtres. Avec toi.