Je me souviens de la FNAC quand elle était accueillante
Je me souviens de la librairie où j’ai acheté un Léopold Sédar Senghor
Je me souviens du nombre de cafés qu’on buvait et des gauloises qu’on fumait quand on séchait les cours
Je me souviens de mon kilt vert pomme et de mon premier pull à col roulé noir
Je me souviens des filles » à la mode » et des autres
Je me souviens des fous-rires dans le photomaton du cinéma l’Olympia
Je me souviens de la librairie où j’ai vendu mon Gaffiot pour quelques fafiots
Je me souviens de la contre manif en 68, le 30 mai exactement et je me souviens pourquoi je m’en souviens : sur la photo de une de Paris-Match, je reconnais une copine sur les épaules d’un garçon : fâchée pour toujours !
Je me souviens que mon père traversait Bordeaux pour aller acheter son pain aux Halles Lagrue
Je me souviens que ma mère parlait à ses plantes
Je me souviens des différentes tailles des disques et comme c’était rigolo d’écouter un 33 tours en 45 tours et inversement
Je me souviens des marronniers en fleurs de la cour du lycée aux vacances de Pâques
Et plus loin, bien plus loin…
Je me souviens que ma sœur n’avait jamais ce qu’elle voulait pour Noël
Je me souviens de la blondeur parfaite de mon petit frère
Je me souviens de mon admiration totale pour ma maîtresse de CE2, jolie et gentille
Je me souviens qu’il fallait faire des dessins pour illustrer les poèmes et que je ratais toujours
Mais je me souviens que je récitais bien, en mettant le ton
Je me souviens du bus Chausson qui nous amenait à l’école, le chauffeur s’appelait Adrien et je l’aimais
Je me souviens que, même en cherchant bien, je ne trouvais aucun défaut ni à mon père ni à ma mère.