Pour Karine et VHM
Un souvenir : 5 décembre 2012, il tombe des seaux d’eau. Il pleut, longtemps, beaucoup. Je pars en ballade et j’ai mon appareil photo avec moi. Au bout de la résidence, une bouche d’égout – un avaloir me dit mon fiancé qui est très technique – est engorgée. Autour d’elle qui n’en peut mais s’étale maintenant une immense flaque ; pour les humains, ça n’est qu’une flaque. Mais pour le petit hérisson qui veut rejoindre son abri de l’autre côté, c’est un lac, que dis-je, un océan ! Et la petite bête se tient là, devant cet intraversable espace. C’est si loin l’autre rive…
Il ne bouge pas quand j’approche. Mais de très loin revient un autre hérisson apprivoisé que nous retrouvions tous les soirs à la même heure au même endroit, à La Grande Escourre et dont les piquants piquaient beaucoup. Alors je cours à la voiture et j’attrape des gants. Ils sont en laine et ne vont pas vraiment protéger mes mains mais faute de mieux…
Et je prends le petiot – ça pique comme prévu – et l’apporte de l’autre côté de son océan. Il me regarde et trottine vers sa planque. J’ai le temps de faire une photo.
Un petit bonheur simple. Quelques secondes de complicité. Une joie sans mot. Le bruit de la pluie et la lumière dans l’instant des petits piquants blancs, un chardon sur pattes.