Lune rougeâtre, du vent assène le dicton. Souvenez-vous : vendredi 13 juin, la lune était pleine et rouge. Et pour souffler, c’est vrai que ça souffle !
Aux vents, je préfère les cordes, surtout en quatuor… avec un faible notoire pour les cordes frappées du piano. Et j’ai été gâtée avant hier soir : j’ai eu les deux. Et VOIR la musique (les musiciens), ça remue drôlement les branches de l’âme.
D’abord, cette femme au nom magique : Claire Désert, pianiste longue, fine, toute cachée derrière ses mèches, faisant corps avec son instrument, à la fois discrète et puissante. Dans le Nocturne de Chopin, pas de lune, rouge ou or, pas d’étoiles : une nuit noire.
Allant chercher dans les notes les plus graves du piano des accords qu’elle tient, qui vous tiennent par la main sur ce chemin sans lumière. Faisant naître des sons qui ne sont presque plus de la musique, une musique qui précède ou suit la vie.
Rarement entendu une interprétation aussi intériorisée. Un discours qui vient de loin, de si loin qu’on craint d’en avoir perdu les codes. Et c’est si bien d’être égaré, de ne plus rien savoir excepté ce chant. Le mystère total de ce langage, voilà ce qu’elle fait entendre.
En deuxième partie, ce sera l’incroyable op. 44 de Robert Schumann, compositeur qu’elle côtoie sans cesse, avec le Quatuor Gabriel Fauré.
La folie totale ! La Mort aux trousses. Complètement chahutés par ce chaos, par ces changements d’une seconde à l’autre de couleur, de tempo : MAGIQUE.
Comme Madame Désert est secrète et rare, difficile de trouver quelque chose à vous faire écouter. Mais, là, je crois que ça va aller : Schumann, Sonate n°2 pour piano et violon – Claire Désert et Philippe Graffin violon. Éteignez vos portables pour quelques minutes hors tout.
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