Incluse dans le cube noir de la chambre, fixer le rectangle pâle de la fenêtre. Il faut faire abstraction de tout, dans une immobilité impensable. Pincer les pensées par le bout des ailes. D’un revers de cil, congédier les apparitions du jour : tournesols cuits, raisins précoces et légères luzernes. Trop colorées. Pour le moment présent, noir et blanc sont nécessaires et suffisants. Calée contre le pied de lit, éprouver la contention rassurante de l’espace clos. L’obsurité et le silence installent un vide indispensable.
L’œil rivé sur ce qui fait lien entre l’extérieur et l’intérieur, entre le frémissant et le figé, décompte fait des peurs et des os, tenir bon jusqu’à ce que le sommeil tombe sur la chambre noire, le lit, soi. La nuit est silencieuse et lente. Elle n’est pas de coton : elle est de bois dur. Elle est absence.
Devenir la nuit.
Août 2011