J’entends le musicien Olivier Beaumont dire du clavicorde qu’il est le Dernier instrument avant le silence… et ça me fait penser car les mots sont beaux. On imagine un imperceptible chuchotis comme un souffle qui file et après… plus aucun son si menu soit-il n’est possible. L’instrument est petit, le son en est fin et très doux. Les cordes sont touchées par une petite pièce appelée tangente – qui signifie touchez – et non pas par un marteau. Pour moi, c’est shakuhachi, la flûte japonaise, le dernier instrument avant le silence.
Et puis je me souviens qu’en solfège une des façons d’écrire un silence est le soupir ; il existe même le demi-soupir – voir ill. à gauche – , le quart et le huitième… Écrire un silence. Quel beau projet !
Des projets, j’en avais une tonne pour mes billets de la semaine mais je pensais tant à l’écriture du silence, au dernier mot avant le silence, aux silences en musique en forme de quart de soupir que je me suis tue.
Comment sortir de soi? Parfois cette chose arrive, qui fait que nous ne sommes plus enfermés : un amour sans mesure. Un silence sans contraire. La contemplation d’un visage infini, fait de ciel et de terre. Christian Bobin, Lettres d’or
Et ainsi la semaine a cheminé et J. L. Borgès me rappelait de ne parler que si je pouvais améliorer le silence. Et j’ai été saisie par la tentation du silence.
Que c’est bon le silence, je l’aime, des tas de bruits qui surgissent dans le silence…
Le vrai silence n’existe pas, tu as raison ! C’est plutôt une qualité de sons rassemblés. Je ne sais pas pourquoi il fait peur. Peut-être parce qu’il fait penser au vide. Vide de soi ?
Poète, prends ton luth et me donne un baiser.
Moi, j’veux jouer de l’hélicon, pompompompom !
Pour te faire entendre, parle doucement, eh bien c’est vrai ! Même se taire. Le silence fait silence, il jaillit de lui-même. On attend quelque chose. Ou quelque chose se prépare.
J’aime beaucoup cette évocation du silence. Ca parle si fort parfois.
Oui, pour qui sait entendre… Il se passe beaucoup beaucoup de choses alors.
P.S. : mais quand on se voit, on papote, on bavarde, on parle, on piapiate, on échange et parfois… on se tait et on écoute les yeux.
Cela me rappelle un concert de Hopkinson Smith (il y a quelques décades c’était le seul nom connu attaché au luth, instrument plein de cordes, donc pas très tendues, donc pas très sonores)
dans une salle qui s’annonçait bruyante. Quand on a vu qu’il avait commencé à jouer, toute la salle s’est soudain tue ! Le silence était tel que dans cette immense salle, on entendait le
luth et le luth seul… La discrétion de l’instrument s’était imposée.
Oh oui ! Je me souveins… C’est l’époque où il jouait avec Jordi Savall ; on dit qu’il était amoureux de Monserrat Figueiras. Le luth, quelle beauté ! Le clavicorde, ce serait un luth à pieds.
On dit aussi : Pour te faire entendre, parle doucement. Avec les enfants, cela marche très bien. Et comme nous somme tous de grands mômes…