J’entends le musicien Olivier Beaumont dire du clavicorde qu’il est le Dernier instrument avant le silence… et ça me fait penser car les mots sont beaux. On imagine un imperceptible chuchotis comme un souffle qui file et après… plus aucun son si menu soit-il n’est possible. L’instrument est petit, le son en est fin et très doux. Les cordes sont touchées par une petite pièce appelée tangente – qui signifie touchez – et non pas par un marteau. Pour moi, c’est shakuhachi, la flûte japonaise, le dernier instrument avant le silence.
Et puis je me souviens qu’en solfège une des façons d’écrire un silence est le soupir ; il existe même le demi-soupir – voir ill. à gauche – , le quart et le huitième… Écrire un silence. Quel beau projet !
Des projets, j’en avais une tonne pour mes billets de la semaine mais je pensais tant à l’écriture du silence, au dernier mot avant le silence, aux silences en musique en forme de quart de soupir que je me suis tue.
Comment sortir de soi? Parfois cette chose arrive, qui fait que nous ne sommes plus enfermés : un amour sans mesure. Un silence sans contraire. La contemplation d’un visage infini, fait de ciel et de terre. Christian Bobin, Lettres d’or
Et ainsi la semaine a cheminé et J. L. Borgès me rappelait de ne parler que si je pouvais améliorer le silence. Et j’ai été saisie par la tentation du silence.