Reprenons au début : ça commence avec la rencontre de deux hommes, Jean-Daniel POLLET et Claude MELKI. Ce dernier est apprenti tailleur lorsque Pollet qui filme les dimanches en banlieue parisienne dans un dancing de Nogent-sur-Marne le repère sur les rushes et tombe en arrêt devant une face lunaire et une silhouette frêle et hésitante*. Il le cherche, le retrouve. Melki va alors traverser sa filmographie à la manière d’un miracle de clown triste et lumineux. Jean-Daniel Pollet élabore en 5 films (Pourvu qu’on ait l’ivresse en 1958, Gala en 1962, Rue Saint-Denis l’un des sketchs du collectif Paris vu par, en 1965, L’amour c’est gai l’amour c’est triste en 1971 et L’Acrobate en 1976, parmi eux, seuls les deux derniers sont des longs métrages) un univers cohérent, sans qu’il soit tout à fait linéaire et homogène *.
Léon-Claude, décalé-émotif, est en plus un motif sur lequel Pollet entreprend une variation. Solitude, maladresse, douceur et mélancolie : bon sang, mais c’est Buster !
Pour vaincre sa timidité, un garçon de bains-douches, Léon, apprend le tango et participe avec succès à de nombreux championnats en duo avec la prostituée dont il est amoureux. Voilà pour le canevas de L’Acrobate, simple mais efficace. Un conte… Le reste, c’est la grâce de Melki que la danse transfigure, entouré de Guy Marchand, Micheline Dax, l’inoubliable Edith Scob, Denise Glaser, le couple Firdman authentiques professeurs de tango : pas besoin de superlatifs, c’est fin comme du Lubitsch, poétique comme du Etaix … et kitsch à souhait. Pas nécessaire du tout d’aimer le tango. Vite, louez le film ou achetez-le à plusieurs et faites tourner. Prenez aussi L’amour c’est gai l’amour c’est triste toujours avec notre Léon entouré cette fois de J.-P. Marielle et Bernadette Lafont : ça dépote !
Léon, c’est notre frère, c’est Noël à l’envers.
*Arnaud Hée dans un article définitif sur http://www.critikat.com/Jean-Daniel-Pollet-Claude-Melki.html