Entendu hier, l’oiseau pas très sympathique mais annonciateur de jours dits meilleurs. Avec lui, on a l’autorisation d’être dans la joie : c’est le feu vert. La suspension du temps est achevé ; on attendait. Le coucou dit : » Le moment est venu » par ses syllabes doubles que j’entends parfois Cours cours. Pourtant, le cri – ce n’est pas un chant – du coucou me met mal à l’aise. Je le trouve mécanique et un peu obsessionnel. Une injonction répétitive. Peut-être influencée par Vol au desus d’un nid de coucous. Bref, je le trouve moche. Rien à voir avec l’exquis chant des merles et les virtuosités des étournaux. Mais ce n’est pas mon propos.
Je travaille depuis quelques temps avec des mal-voyants et l’expression est juste parce que tous ne sont pas complètement aveugles. En faisant un tour de table pour savoir comment ils ont accès à la lecture et connaître leurs goûts, nous découvrons que deux dames écoutent des audio-livres mais que, bien qu’adorant le genre, elles ne supportent pas d’écouter des polars. Tous très étonnés, nous leur demandons pourquoi. » J’ai trop peur » dit l’une et l’autre de surenchérir : » Ça me fout la trouille ! « . Et je comprends tout à coup que ce n’est pas du tout la même chose de LIRE Le loup hurla au fond des bois… que d’entendre ça :
Pas du tout la même chose de lire : Il ouvrit lentement la porte. Le silence de la nuit était épais et lourd que d’entendre, d’intégrer ces sons dans le corps comme si vous y étiez le grincement, les pas et la respiration du méchant (parce que c’est forcément un méchant). Et elles expliquent : La présence, vous comprenez, la présence…