Quelqu’un dont on peut parler, que l’on évoque ou convoque parfois, l’irréalité devient chaque jour plus flagrante. “ Tu as un fils “ me dit-on… Ce présent me comble et me gêne. Il y a du très vrai et du faux dans cette assertion, comme si un tour de passe-passe langagier pouvait enrayer le réel, le terrible réel. Jouer avec le joug de la conjugaison.
Quelqu’un dont on constate avec étonnement la longue absence, quelqu’un dont on regrette éperduement l’absence définitive.
Pendant quelques mois après son départ, j’ai pu lui écrire. Maintenant, c’est impossible.
C’était un espoir fou d’un retour fou, c’était l’appel d’un retour. C’était conjurer, tenir à distance l’invraisemblable, c’était ne pas cesser de lui parler, dire « tu« et s’épargner l’insurmontable silence. Ce n’est pas son silence qui est redouté – il est très probable – mais mon propre silence intérieur.
[Je tète les souvenirs jusqu’à plus soif.]
*§§*