Il y a quelques temps.
Je suis assise sur la murette de la terrasse, tôt ce matin-là… Juste au bord du paradis qui pour moi est aquatique.
Seule, pour l’instant ; enfin, sans compter les oiseaux qui sont chez eux après tout. Je savoure cet instant parfait.
Et puis à quelques encablures passe un nageur ; j’observe cette unique présence humaine qui se meut dans l’eau, paisiblement. Je suis du regard son glissement. Et du passé, quelque chose fait retour : ce baigneur nage comme mon père le faisait, cette drôle de nage que plus personne ne pratique sauf les anciens : l’indienne.
Et je suis transportée dans d’anciens moments : je vois mon père dans l’eau, allonger ses bras, tête tournée sur le côté, dans une position de dormeur. Et je me dis que si les indiens nageaient comme ça, c’est que c’est une bonne nage, tranquille, sans esbrouffe, sans recherche de vitesse. Aller sans fatigue d’un point à l’autre.
J’ai envie de crier au monsieur qui passe : salut monsieur le nageur à l’indienne, vous me faites penser à mon père… Mais il est loin déjà, comme mes images du passé.
Et tout cela est ancien, doux et paisble. Et je dérive dans le courant.