Le plus beau canal du monde… Je l’ai vu, j’en ai parcouru les chemins de halage, à bicyclette. Dès le début de la promenade, on se trouve dans une de ces impossibles images d’ Escher :
De l’eau – celle du canal – enjambe l’eau de la rivière qui passe dessous. Combien de dimensions déjà, le monde ? Ah oui, TROIS. Plus le Temps. Et c’est facile de m’enfumer, moi, avec le haut et le bas, la droite et la gauche (uniquement dans l’espace, hein ? ), la longueur et la largeur et en plus, la hauteur.
Histoire de réfléchir un peu, mon cher Schubert va m’aider car si l’on parle d’eau et de rivière, il est là et je me sens bien même si c’est pas franchement hilarant.
Revenons au plus beau canal du monde : il se trouve juste à côté de Bordeaux : à Agen-même où l’on débarque à la gare ; on loue des bicyclettes à deux rues de là et… c’est parti ! Le plus beau du plus-beau-canal-du-monde, ce sont les écluses, bien sûr. Et comme je fais cette ballade avec une amie qui connaît tout ça par cœur (elle a même navigué sur le canal), on s’arrête sur le bief à chaque écluse, on attend un bateau et on badaude.
Allez comprendre la beauté magique de ces trucs-là : de l’eau qui monte ou qui descend entre deux grands portails et sur cette eau gigote un bateau ; et sur ce bateau des gens qui s’affairent. C’est très sérieux, cette histoire d’écluse, d’eau prisonnière qu’on libère, de portes qui se ferment puis s’ouvrent.
Je n’ai pas trouvé le crédit pour cette belle photo. Je m’en excuse auprès de l’auteur : qu’il m’interpelle, je le citerai avec plaisir.
Pour vous accompagner, il y avait de belles chansons : Il existe près des écluses… Ma chanson d’écluse et de vent (Je t’aime tant Aragon/Ferré) mais… pas de concordance satisfaisante. J’ai donc préféré mon Schubert et sa rivière.
Les histoires d’éclusiers sont toujours tristes ; sûrement la faute de Maigret, de L’Homme du Picardie et de Jacques Brel : vous n’écoutez la chanson ci-dessous que si vous avez un moral en béton armé ! Les images sont belles. Et « dans mon métier, c’est en automne qu’on cueille les pommes et les noyés. » De toutes façons, il n’y a plus d’éclusiers. Il reste leurs maisons.
Voilà une des plus jolies ballades de l’année ! Mélancolique comme j’aime.