Premier soleil, tout timide.
Grande balade (je pourrais écrire « ballade » avec 2 L) avec l’ineffable chien Django dans les prés qui entourent les vignobles de Picque Caillou, à Pessac et je me prends à rêver des vies antérieures : savez-vous qu’un vigneron passe au moins cinquante fois devant le même pied de vigne ? Je le sais, je l’ai fait !
On n’imagine pas tout ce qu’il y a à faire dans les vignes… Il n’y a guère que le mois de novembre qui soit off. Et que j’te taille,et que j’te tombe les bois et que j’attache, et que j’te cale… et que j’t’épampre et que j’te lie et que j’te rogne. T’arrives au bout d’une pièce (un barrailh), faut que tu recommences à l’autre car tout est en désordre, en bataille, en chantier, tout a repoussé. Et puis après la vendange, il faut recommencer. Fait chaud, très chaud, fait froid, il y a du vent, il pleut, fait printemps, fait automne. Les saisons, on connaît, on vit avec ! C’est dur mais on est libre, dehors et parfois, au creux d’un pied de vigne, un nid plein d’œufs bleus…
Mais il y a un moment, un très beau moment, fragile et gracieux, odorant et délicat : c’est la fleur. Elle est si petite et discrète et pleine de promesses…
Je le sais, je l’ai vue.